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Les élèves ont des droits, mais personne
pour les faire respecter

Marilou Pinard
ancienne du Collège Mont-Saint-Louis
Montréal (Québec)


Si on vous disait que la direction de notre collège doit consulter les élèves sur les règlements, que les résultats scolaires ne peuvent être dévoilés publiquement, que les élèves sont en droit de déposer une plainte s'ils sont victimes de harcèlement, que manger dans une cafétéria propre est un droit des plus élémentaires - à condition, bien sûr, de maintenir cette propreté - alors que diriez vous si vous saviez que tous ces droits sont inscrits dans la Charte du Mont-Saint-Louis et se doivent d'être respectés?

 

Depuis cinq ans, les élèves du Mont-Saint-Louis possèdent une Charte des droits et responsabilités. En 1990, une première rencontre avec Nicole Pothier de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse a été organisée. Les animateurs ont jugé cette rencontre pertinente vu le rôle politique des conseils de niveau. Les élèves membres des conseils de niveau, très impressionnés par la conférencière, ont décidé d'écrire une Charte afin de présenter aux élèves leurs droits et leurs responsabilités. C'est alors que la machine s'est mise en marche.

Un comité formé d'élèves élus des conseils de la deuxième à la cinquième secondaire ont suivi des stages de formation. De plus, des rencontres hebdomadaires ont eu lieu avec des gens de la Commission de droits de la personne et de la jeunesse et l'organisme DISCAS (Développement institutionnel: Services de consultation et d'animation scolaires), afin que ceux-ci parrainent les élèves dans la rédaction de leur Charte.

À peine le document finalisé et officiellement signé, on le range sur une tablette et il sombre dans l'oubli dès sa deuxième année d'existence.

Selon notre Charte, un comité d'application devait être formé afin de venir en aide aux personnes ayant différents problèmes reliés à l'école. Les membres du comité, hautement qualifiés, étaient en mesure de régler ces différents conflits. Cependant, les années ont passé et les gens ayant participé à ce dossier ont gradué. Personne n'a pris en charge le renouvellement du comité et depuis ce temps, plus rien ne se passe au niveau de l'application de la Charte. Parallèlement, on peut aussi remarquer que peu de choses se passent au niveau des conseils étudiants. À la mi-novembre, aucune élection n'a eu lieu. Qu'arrive-t-il aux conseils de niveau?

Selon vous, quel est le rôle d'un conseil étudiant, et de quoi devrait-on y débattre? Un conseil, c'est une formation de personnes qui se rencontrent et donnent leurs avis sur différents sujets reliés à la vie des élèves et s'engagement politiquement auprès des élèves et de la direction. Or, durant les dernières années les conseils s'affairaient beaucoup plus à préparer des activités sociales...

En fait, si la Charte a été écrite, c'est bien sûr pour nous éclairer sur nos différents droits et responsabilités, mais surtout pour nous faire prendre conscience de notre rôle de citoyen en devenir. Si nous laissons s'empoussiérer la Charte, alors qu'adviendra-t-il du rôle politique des conseils?

Selon Michel P. Trudeau, directeur des services éducatifs, la représentation des élèves est de moins en moins visible au Collège. Pour remédier à cette situation, la direction est en train de réévaluer le rôle des représentants de niveaux afin que ceux-ci soient politiquement davantage visibles.

Le rôle de représentant deviendra plus important et comportera plus de fonctions qu'avant. La tâche des animateurs ainsi que des directeurs sera également clarifiée afin que les conseils aient un meilleur appui pour mener leurs projets à terme. Éventuellement, il y aura la création d'une association générale des élèves, ce qui nous permettra d'avoir notre mot à dire lorsque la direction devra prendre des décisions nous concernant.

Reste à savoir si, une fois le rôle des conseils revalorisé, les représentants tiendront réellement compte du rôle politique qu'ils ont à jouer. Si c'est le cas, la Charte doit être dépoussiérée et réactualisée. (Notons qu'elle est imprimée à la fin de l'agenda distribué aux élèves du Collège.) Mais encore, cela impliquerait le regroupement d'un comité d'application bien formé. La direction serait-elle prête à donner ce dernier petit coup de pouce?

La Charte a-t-elle une si grande importance, voire utilité? Je pense que oui. Le simple fait de la réintégrer dans le quotidien donnerait aux conseils de niveau une importance, puisque souvent, bien des choses à caractère plus ou moins discriminantes - selon la Charte - nous passent sous le nez, sans que nous ne disions mot...


Cet article est repris du Journal Mon Oeil du Collège Mont-Saint-Louis,
avec l'aimable autorisation des responsables.


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