Avant de commencer à vous parler de nos deux semaines
de stage, je crois quun survol de notre projet est nécessaire.
Dabord, nous sommes douze élèves. Douze élèves
motivés, douze élèves qui ont traversé
diverses épreuves. Au départ, nous étions
des inconnus, à la fin nous étions soudés
pour le meilleur et pour le pire. Puis, il y a les accompagnateurs.
Ces accompagnateurs ont eu la tâche difficile de nous encadrer,
de maintenir notre motivation, de nous informer, en un mot de
nous préparer.
Cette préparation est longue, mais nécessaire.
On ne va pas passer 2 semaines en pays étranger sans franchir
cette étape cruciale. Avant tout, la langue pose un problème.
On parle espagnol au Nicaragua et non français. Des cours
sont nécessaires afin de pouvoir établir la communication.
Après vient le financement. Un voyage doit se payer. Amasser
les fonds na pas été toujours facile, mais
nous avons réussi. Finalement, des camps de formation,
des conférences sur la culture, des ateliers de sensibilisation
nous ont été servis. En plus de répondre
à nos nombreuses questions, tout cela nous a permis de
nous connaître et déchanger. Le tout a duré
un peu moins de deux longues années. Et cela en valait
largement la peine
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Un paysage du Nicaragua |
Enfin, le jour du départ est arrivé. Nous saluons
une dernière fois notre famille et nous partons, le sourire
aux lèvres et totalement inconscients de lampleur
du stage. Dès les premiers instants du voyage, nous pouvons
palper la misère. Juste à voir ces enfants, les
vêtements sales et déchirés, nous regarder
manger notre premier repas. Premier choc. Puis, ils quêtent
nos restes, ces restes même quon donne habituellement
à nos chiens. Deuxième choc. Et ainsi de suite
pendant tout le voyage
Nous en sommes sortis changés, pour le meilleur. Derrière
les paysages enchanteurs se camoufle une réalité
que peu de gens osent confronter. Pourtant, en cette même
réalité se cache une richesse insoupçonnée.
Cest la richesse humaine. Comment ne pas remarquer le sourire
des enfants malgré leur pauvreté? Comment passer
à côté de toutes ces marques de solidarité?
Comment ne pas sentir la fierté, la force, le courage
des Nicaraguayens qui affrontent chaque jour la faim? Impossible.
Ils mènent un combat, une lutte sans merci pour leur survie.
Et pour survivre, ils sentraident. Cest à
la fois merveilleux et désolant. Merveilleux de voir quon
peut compter sur le voisin. Désolant de savoir que des
humains luttent chaque jour pour manger.
Ici, un peu dhistoire simpose avant de passer
à la situation actuelle du Nicaragua. Le Nicaragua était
un pays riche, très riche, avant que les Espagnols ne
débarquent. Ceux-ci massacrèrent et pillèrent,
dévastant le pays. Beaucoup plus tard, cest une
famille de dictateurs sans merci, la famille Somoza, qui pendant
près de 30 ans vola le peuple. Ce fut une période
trouble pendant laquelle de nombreux combats se déroulèrent
entre les Sandinistes, combattants du peuple et Contras, la garde
de Somoza. Ajoutons à cela quelques magouilles politiques,
un tremblement de terre dévastateur, un certain ouragan
Mitch et on obtient un pays délabré.

Un policier surveille la
population sur la rue |
Aujourdhui, le gouvernement construit des hôtels
pour accueillir les touristes. Le président se bâtit
une maison avec laide internationale de louragan.
Pendant ce temps, le peuple meurt de faim. Les quelques riches
bourgeois vivent dans des maisons entourées de hauts murs,
un garde armé à la porte. Pendant ce temps, presque
dans la cour arrière, un taudis de bois sélève
et abrite une famille. Léducation est difficilement
accessible. De simples maladies emportent des enfants chaque
jour. Les enfants abîment leur corps au travail pour rapporter
quelques pièces de monnaie. La plupart des femmes sont
battues par leurs maris ivres. Il est extrêmement difficile
de se trouver un emploi. Les jeunes sont confrontés quotidiennement
à la drogue, à la prostitution, aux viols, à
la violence, à la faim
en un mot à la mort. |
Ce sont malheureusement des faits. Il est grand temps dagir,
douvrir les yeux, de combattre la pauvreté. De simples
actions peuvent être posées. Nous organisons présentement
des levées de fonds pour aider. Ce nest sans doute
pas grand chose, mais cest déjà un pas de
plus. Un pas qui va devenir un pas de géant pour les Nicaraguayens.
Une chose est certaine, ce nest pas en restant les bras
croisé, assis confortablement dans notre salon, que les
choses vont bouger.

Le Centro Communitario
(Centre Communautaire)
Oscar A. Romero |
Cela mamène à mentionner le travail exceptionnel
de tous les organismes humanitaires. Et plus particulièrement
celui " Del Centro Communitario Oscar A. Romero ".
Cest ce centre qui nous a accueilli au Nicaragua. Il aide
plusieurs familles démunies du Nicaragua. Il leur fournit
un emploi (tissage de hamac, boulangerie, ferme
) et les
rémunèrent à leur juste valeur. Il soccupe
également des jeunes par le programme du salaire étudiant,
le groupe écologique, la bande " Caliente del amor
", par la garderie
Il a un impact important pour le
développement des barrios de Nandaime. Le Père
Santiago, un missionnaire québécois, a fondé
il y a déjà quelques années ce centre et
jespère sincèrement quil va continuer
de fonctionner longtemps. Il est également en collaboration
avec lorganisme québécois Spiral qui soccupe
du commerce équitable et dorganiser des stages. |
Pour conclure, un petit mot sur les enfants. Ils mont
particulièrement impressionné. Ils sont tout simplement
incroyables. Ils portent des responsabilités incroyables
sur leurs épaules. À voir leur sourire, à
les entendre rire, on ne dirait pas. Pourtant, ils sont sans
doute les victimes les plus innocentes et souffrent cruellement
des problèmes des grands. Ils ont un lourd passé,
un difficile présent et un avenir inexistant. Ce nest
pas normal de voir une fillette porter un lourd panier sur sa
tête et vendre sa marchandise. Ce nest pas normal
de les voir errer en haillons, quêtant aux touristes. Ce
nest pas normal que ces enfants travaillent au lieu de
jouer. Ces enfants, nous les avons dépouillés de
leur enfance. Comment pouvons-nous leur redonner cette enfance
perdue, cette enfance volée? Un mot bien simple pour y
répondre. Solidarité. |