Tout a commencé au début de l'année scolaire.
J'ai proposé à mon amie Ariann de participer à
la rédaction du journal étudiant avec moi. Ariann
veut devenir écrivaine. Elle a accepté ma proposition
avec la joie de pouvoir exercer ses talents d'écriture.
C'était ma deuxième année au journal. La
précédente m'avait un peu déçue parce
qu'on rencontrait souvent des problèmes techniques, ce
qui retardait la sortie de nos numéros.
Bref, pour commencer l'année, l'article que j'ai écrit
a été jeté au poubelle par la direction.
Quand j'ai essayé de savoir pourquoi, j'ai eu une réponse
des plus froides : « Ça ma p'tite fille, ça
ne concerne que la direction. » J'étais dans tous
mes états! Ça concerne juste la direction? C'est
MON article qui a été censuré! Bref, mes
frustrations ont commencé à ce point là... |
Mon amie Ariann et moi |
Ensuite, au début de l'année, on avait discuté
avec le chef du journal. Nous avions tous décidé
que pour la renommé de notre journal, qui n'est pas très
populaire auprès des étudiants, on publierait un
numéro par mois pour bien le faire connaître. Contrairement
aux années passées, on le donnerait à la
place de le vendre. Rien de cela ne s'est fait. Le premier mois,
et les deux mois suivants, notre chef a décidé
que le journal n'avait pas assez de contenu pour le publier.
Ce qui a provoqué un autre incident! Dans le premier numéro,
Ariann avait rédigé un superbe article sur le nouveau
livre de notre professeur de français! C'était
tout un scoop! Trois mois plus tard, quand ils ont enfin voulu
publier notre journal, le livre était sorti depuis longtemps!
Résultat : Tout le monde avait lu le livre, et en plus,
un article du journal de la ville était accroché
partout sur les murs de l'école. De là ont commencé
les frustrations profondes chez mon amie aussi...
Ensuite, la séance de photos pour l'album de l'année
a eu lieu. Tous les comités sont donc invités à
se faire photographier; y compris celui du journal étudiant.
Quelle hypocrisie! On n'avait même pas sorti un journal
encore! Ariann et moi ne sommes pas allées à la
séance (première phase de la rébellion).
Avec tous ces conflits, le premier journal a été
publié au mois de décembre!
Et devinez quoi? Il a été mis en vente! Et devinez
quoi encore... personne ne l'a acheté! Finalement, la
direction du Collège se vante de la liberté d'expression
parce qu'elle a un journal étudiant? Foutaise! Ce n'est
pas un journal étudiant, C'EST UN JOURNAL POUR LA DIRECTION.
Les élèves doivent faire de beaux petits articles
pour vanter leur Collège, mais dès qu'il y a présence
d'originalité, de marginalité ou tout ce que vous
voudrez... c'est NON.
Ariann et moi sommes très portées vers l'écriture.
C'est notre façon de nous exprimer! Nous avons donc décidé
de ne pas nous laisser abattre. Nous avons quand même rédigé
un article pour le journal de décembre. Elle faisait une
entrevue avec le nouveau directeur et je faisais un résumé
d'un concert de musique présenté à l'école.
Personne ne se doutait de ce qui allait arriver...
Ce qui devait arriver, arriva! Le mercredi 22 décembre,
Ariann et moi lançions une bombe dans l'école.
Pas n'importe quelle bombe. Une bombe qui fait réfléchir
Elle rappelait aux étudiants leur liberté de penser.
Ça parlait de révolution et d'anarchie. Un feuillet
de deux pages, brochés à droite, intitulé:
« La
Bombe ». |
Voici un extrait de La
Bombe :
« Ici sont citées des idées du roman La
Révolution des Fourmis de Bernard Werber. Ce livre
est une arme destinée à changer le monde. Non,
ne souriez pas. C'est possible. Vous le pouvez. Il suffit que
quelqu'un veuille vraiment quelque chose pour que cela se produise.
Ce que nous vous proposons, c'est de faire une révolution.
Ou plutôt, devrions-nous dire une "évolution".
Car notre révolution est sans violence, sans orgueil,
sans effets spectaculaires, contrairement aux révolutions
d'antan. Nous la voyons plutôt comme une révolution
spirituelle. Enfin, si vous optez pour la révolution,
n'oubliez pas que vous avez la chance de pouvoir réfléchir
et vous exprimer, alors profitez-en! » |
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Les réactions ont été diverses. J'ai
été tellement impressionnée par les personnes
qui sont venues me voir et en ont parlé avec moi. Certains
étudiants m'ont même proposé de s'associer
avec eux pour partir un journal révolutionnaire dans l'école!
Mes amis, eux, étaient fiers de moi. Je ne pouvais m'attendre
à de plus belles réactions! Évidemment,
il y a ceux qui ne veulent rien savoir de choses nouvelles. Certains
ont même eu, comme premier réflèxe, de refuser
le document parce qu'il était trop long (deux pages) ou
parce que la broche, placée du mauvais côté,
ne leur plaisait pas. C'est quand même dommage, de rencontrer
des esprits si fermés! De toutes façons, notre
mission était accomplie. Ça faisait environ deux
mois qu'on la préparait pour qu'elle soit parfaite. Si
seulement une personne avait réagi j'aurais été
satisfaite
j'étais donc superbement heureuse!
Le matin même je me rendais au bureau de l'orienteur
du Collège. En lui parlant de mon très fort désir
de devenir journaliste, il me raconta l'histoire de Mathias Brunet.
Vous savez le journaliste sportif qui écrit dans La
Presse? Et bien, imaginez-vous donc qu'il y a environ 15
ans, en secondaire 5, il lançait son propre journal pour
faire opposition à celui des Frères; Il est devenu
l'actuel journal étudiant. Je n'ai pas pu m'empêcher
de raconter mon secret à l'orientateur sur ce que j'allais
faire le midi même
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