Coffre à outils du reporter

Revue des principes du journalisme

L'écriture de presse, l'art d'informer
par Line Ross,
Gaétan Morin éditeur, 1990, 200 pages.

Synthèse par Maurice Langlois, enseignant de français et de journalisme à l'École secondaireNicolas-Gatineau à Gatineau (Québec).

Bien qu'il s'adresse à un public averti (cégépiens, élèves séniors, universitaires, enseignants...), ce livre a l'avantage de présenter une démarche rigoureuse à tout apprenti-journaliste. Elle se divise en cinq étapes:

1. Savoir

« Savoir afin de faire savoir. »

C'est l'étape de la cueillette des données. Le travail acharné du journaliste (par observation directe, par des entrevues, par des lectures...) doit l'amener à une certaine maîtrise de l'information.

  • Trouver des réponses à six questions essentielles: Qui? Quoi? Où? Quand? Comment? Pourquoi?
  • S'assurer que les faits, les noms, les dates, etc. sont exacts.
  • Construire des liens entre les informations.
  • Prendre la peine d'étudier le contexte d'un événemement.

2. Choisir

« Vous diposez presque toujours de plus d'information que d'espace. Il faut donc choisir. »

Après avoir recueilli l'information, il faut sélectionner ce qui peut faire partie de l'article que l'on se prépare à rédiger. Cette sélection s'organise autour du dilemme suivant:

  • d'une part, le journaliste veut être fidèle à ses sources (multiples et nuancées);
  • d'autre part, il veut servir efficacement le public.
Dans ce contexte, on doit considérer que l'espace accordé à un article est restreint. Les lecteurs, souvent pressés, s'attendent aussi à ce que l'on ait intelligemment fait la part entre ce qui est essentiel et ce qui est accessoire. Le journaliste doit donc trier et hiérarchiser, puis sélectionner l'information la plus pertinente.

Pour l'aider à faire ces choix, il doit avoir en tête certains critères:
  • la nouveauté du sujet (critère le plus important);
  • son imprévisibilité, etc.

3. Organiser

Deux notions à retenir: la pyramide inversée et le tuyau de poêle

Ce chapître est le plus intéressant de l'ouvrage. Il met en relief la nécessité de faire un plan avant d'écrire (les journalistes chevronnés connaissent si bien ce type de plan qu'il finit par s'imposer à eux instantanément).

Le lecteurs d'un journal s'attendent à ce qu'un article de journal soit bien organisé. Ils ne s'attendent pas à devoir faire ce travail à la place du journaliste. Une mauvaise organisation d'un texte diminue sa lisibilité (sa lecture ou sa compréhension).

Oubliez l'école! Un article de journal n'a pas la forme d'un « texte d'opinion » ou d'une « dissertation » scolaire. Il ne devrait pas comprendre une introduction, un développement et une conclusion.

  • Pas d'introduction : curieusement, une nouvelle devrait commencer par présenter les conclusions auxquelles une enquête est arrivée. Elle devrait commencer par ce qui est essentiel, par ce qui est nouveau. Elle devrait aller directement au fait.
  • Pas de développement : on ne devrait pas étirer en longueur son sujet en l'articulant par des transitions complexes (avec des marqueurs de relation et des phrases de transition). Ce qui est bon pour l'étude de l'écriture d'un discours à l'école ne l'est pas nécessairement pour l'écriture de presse. Chaque nouveau paragraphe devrait par lui-même marquer la transition d'un aspect à l'autre. Sans préambule. De façon brève et concise.
  • Pas de conclusion éditoriale : ce serait plutôt au lecteur de tirer ses propres conclusions.
Une nouvelle a donc deux parties :
  • Un lead (c'est le premier paragraphe, qui comprend l'essentiel de la nouvelle);
  • Le corps du texte (qui explique plus en détail chaque point présenté dans le lead).
Deux images bien connues illustrent la façon qu'est organisé le plan d'une nouvelle.
  • Elle devrait avoir la forme d'une pyramide inversée : on retrouve ce qui est le plus important, le plus essentiel, le plus nouveau en début d'article (dans le titre, dans le lead) et on ajoute en ordre décroissant d'importance le reste de l'information.
  • Elle devrait aussi ressembler à un tuyau de poèle: chaque paragraphe est alors écrit de façon à pouvoir être facilement déplacé ou effacé (selon l'espace et les intentions de la rédaction) comme les différentes sections d'un tuyau de poèle.

4. Rédiger

« Une fois qu'on a une idée de ce qu'on veut dire, on cherchera à bien le dire. Cela concerne le vocabulaire et la syntaxe. »

En journalisme, la clarté, la précision, la simplicité et la concision sont des qualités de base. Les formulations trop lourdes, inutilement complexes éloignent les lecteurs.

Il y a deux habiletés essentielles à développer lorsque l'on veut rédiger des textes pour la presse.

  • Le vocabulaire utilisé doit être à la portée des lecteurs: simple, mais précis et vivant. Ce qui suppose une certaine recherche et un bon sens de la synonymie. On ne doit, par ailleurs, jamais utilisé des mots dont on ignore le sens exact. (Il faut également retenir que ce sont surtout les noms et les verbes qui portent le sens d'un texte et que ce sont les adjectifs et les adverbes qui s'avèrent souvent inutiles.)
  • La syntaxe doit elle aussi être simple et vivante. Elle doit rendre l'information concrète. On suggère fortement:
    • de faire des phrases courtes (d'au plus 15 à 17 mots)
    • de s'en tenir à des phrases simples, c'est-à-dire à des propositions indépendentes seules, sinon à des indépendantes juxtaposées ou coordonnées;
    • de ne pas abuser, dans la mesure du possible, des phrases complexes contenant des propositions principales et subordonnées. Ces dernières alourdissent le texte.
  • Pas de conclusion éditoriale : ce serait plutôt au lecteur de tirer ses propres conclusions.
Une nouvelle a donc deux parties :
  • Un lead (c'est le premier paragraphe, qui comprend l'essentiel de la nouvelle);
  • Le corps du texte (qui explique plus en détail chaque point présenté dans le lead).
Deux images bien connues illustrent la façon qu'est organisé le plan d'une nouvelle.
  • Elle devrait avoir la forme d'une pyramide inversée : on retrouve ce qui est le plus important, le plus essentiel, le plus nouveau en début d'article (dans le titre, dans le lead) et on ajoute en ordre décroissant d'importance le reste de l'information.
  • Elle devrait aussi ressembler à un tuyau de poèle: chaque paragraphe est alors écrit de façon à pouvoir être facilement déplacé ou effacé (selon l'espace et les intentions de la rédaction) comme les différentes sections d'un tuyau de poèle.

5. Le lead

« Destiné à séduire le lecteur, le lead doit aussi le servir. »

Le premier paragraphe d'un article est le résumé de la nouvelle. Il comprend l'essentiel de l'information qu'on veut livrer. Il vise aussi à inciter le lecteur à lire le reste du texte.

Emprunté de l'anglais, le mot lead est difficile à traduire. Il ne s'agit pas tout à fait d'un chapeau, ni d'une attaque (qui sont des mots à la mode dans la presse européenne...).

Un bon lead se doit d'être court. Si possible, on y fait rapidement le tour de la question (en identifiant brièvement les Qui? Quoi? Où? Quand? Comment? et Pourquoi? ). L'écriture doit être simple et efficace au maximum.

Deux autres sections, extérieures à la succession logique qui précède, complètent l'ouvrage:

  • écrire pour la presse;
  • le communiqué de presse.
On y fait état des devoirs du journaliste (voir l'o.n.i.: objectivité, neutralité, impartialité) et de l'écriture particulière des communiqués de presse.



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