Haïti
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Haïti

Par Marie-Noëlle Lapan
Collège Saint-Jean-Vianney
Montréal, Québec


Je ne vous apprends rien en vous disant que chaque pays est différent. Cependant, certains le sont beaucoup plus que d’autres. Les différences résident au niveau de langue, de la politique, de l’économie et surtout du mode de vie des habitants. Quelques pays ont tout à offrir à leur peuple.

 


Ils ont de l’eau courante à profusion, les habitants peuvent se procurer des aliments frais pour un coût respectable et un système d’éducation est mis bien en place pour s’assurer que la progéniture sera bien préparée au monde de demain. Notre nation, le Canada, fait partie de ces chanceux. Classé au premier rang du développement humain, notre pays ne cesse de prospérer au fil des ans. À cause de notre statut politique et de la bonne santé de notre économie, nous nous devons d’aider les pays en difficulté. Tel est le cas pour Haïti. Ce pays est l’antithèse complète du Canada. Là-bas, le coût de la vie est très élevé, l’éducation n’est pas accessible à tous et la politique est en perpétuel changement. Bref, la vie d’un Canadien est bien loin d’être semblable à celle de son confrère l’Haïtien.

Tout d’abord, Haïti occupe une superficie de 27 749 km². Du côté démographique, Haïti compte 7,5 millions d’habitants dont 1,5 million demeurent dans la capitale, Port-au-Prince. Les autres villes principales sont Cap Haïtien, Pétionville, Gonaives et Les Cayes. Pour continuer dans les détails techniques, 95% de la population est noire et les blancs et mulâtres appartiennent à la petite minorité ethnique. La langue officielle est le français mais plusieurs personnes parlent aussi le créole. Une des grandes divergences se situe au niveau de la politique. Haïti a eu un bien long parcours avant d’avoir un régime politique sain. En 1502, les premiers noirs arrivent en Haïti. Le 1er janvier 1804, ce pays est proclamé indépendant face aux Gonaïves par le chef d’état Dessalines. Deux ans plus tard, le 17 octobre 1806, cet homme politique est assassiné. Haïti perd ainsi son premier gouverneur. Par la suite, les révolutions et les massacres se succédèrent chez la société haïtienne. En 1946, le peuple se révolte pour avoir un peu plus de justice sociale et moins de discrimination entre les mulâtres plus privilégiés et les noirs. C'est après, en 1957, que la dynastie des Duvalier débute. Aux premières élections, François Duvalier se proclame président à vie. En ‘64, lors de son décès, son fils Jean-Claude lui succède. Mais l’année la plus significative pour ce pays est sans doute 1996. René Préval est élu. Le pays se retrouve pour la première fois dans un système politique démocratique. Depuis ce temps, Haïti, encore sous la gouverne de M.Préval, est une république présidentielle où siègent 83 députés élus pour une durée de 4 ans. Le Sénat, constitué de 27 membres, est réélu aux 2 ans.

  Cependant, même si les problèmes politiques sont partiellement réglés, il n’en demeure pas moins que le gouvernement doit affronter de très grosses difficultés. L’éducation est l’un des obstacles que le président doit traverser. Il administre conjointement les services éducatifs avec l’Église catholique et l’Église missionnaire. Comme au Canada, il y a des écoles dites publiques et d’autres privées. Cependant, même si l’école est obligatoire de 6 à 14 ans, il n’y a qu’un enfant sur deux qui y a accès. Dans la moitié des cas, les habits et le matériel scolaire sont beaucoup trop dispendieux.

Mais là où se situe la plus grande différence avec chez nous est dans le mode de vie en général des habitants. Ici, le transport en commun est une chose réglementée et surveillée, l’accès au téléphone et à l’Internet est chose courante. Ce sont tous ces petits détails anodins qui constituent l’écart majeur entre les deux états. En Haïti, les autobus destinés à la population ne sont pas contrôlés, donc ils n’offrent aucune sécurité. Le système est de base. Les heures ne sont pas constantes, ni garanties. De plus, ici, il est courant d’avoir en moyenne un ou deux téléphones dans un domicile. Par contre, là-bas, le téléphone fonctionne précairement tout comme l’électricité. Bref, les services offerts par l’État sont peu visibles.

Vous êtes en train de lire ces lignes et vous avez faim. Que faites-vous? Vous vous dirigez vers un réfrigérateur bien rempli. En Haïti, les supermarchés et les géants de l’alimentation se font rares. Les commerçants s’installent dans la rue pour vendre leurs produits. Ceci peut amener les produits à être moins frais et avariés. Ces denrées de base coûtent environ 3 fois plus cher qu’en Amérique du Nord. Ayant la gourde comme monnaie, les habitants haïtiens ont en grande majorité un faible revenu. À cause des familles très nombreuses, plusieurs enfants souffrent de malnutrition. Au sein du cercle familial, les valeurs matriarcales sont très présentes et respectées. Le père a pour rôle de travailler avec acharnement pour veiller à la subsistance de la maisonnée. Souvent dans les foyers plus nombreux, les jeunes filles restent à la maison pour aider leur mère et elles se voient ainsi privées d’aller à l’école. Dès le début de leur puberté, les jeunes femmes entament la préparation de leur dot. Cela est un atout majeur pour les hommes lors du choix d’une compagne. Quelques femmes se marient tardivement car leur trousseau n'est pas complété et elles ne représente donc aucun avantage pour un homme à l’âge du mariage.

Écologiquement parlant, Haïti est un des pays les plus endommagés et en difficulté. Avec un gouvernement indifférent aux problèmes environnementaux, la vie des 6000 espèces végétales se voit grandement menacée. Le problème est important à un point tel qu’on raconte qu’il reste seulement 2% des forêts qui recouvraient, autrefois, les montagnes haïtiennes. L’exportation exagérée du bois dur, le défrichage de toutes les terres agricoles et l’utilisation comme combustible sont majoritairement responsables de cette déforestation.

Mais quels ont été les moyens employés jusqu’à maintenant pour aider ce pays sous-développé ? Dans les années 70, l’aide internationale débuta lorsque le FMI (Fond monétaire international) déboursa 236 millions US$ au gouvernement haïtien afin de l’aider dans l’irrigation des terres agricoles. L’aide fut interrompue entre 1991 et 1995 pour cause d’un coup d’état militaire. Depuis ce temps, Haïti demeure indépendant de cette aide financière et sa dette ne cesse de grimper.

Avec ses multiples problèmes, on peut être tenté de pencher vers le découragement. Cependant, personnellement, je crois que nous nous devons de poursuivre un idéal plein d’espoir, l’idéal d’un monde meilleur. Si nous mettions en commun toutes nos forces et nos énergies, je pense qu’on pourrait réussir à mettre Haïti debout. Et…peut-être un jour volerait-il de ses propres ailes?


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