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Journal de bord

Par Karine Pépin
Sherbrooke, Québec


Haïti

7 au 14 février 2000

Mes objectifs pendant le séjour:
Je voudrais bien communiquer avec le reste de l’équipe, dire ce qui va et ce qui ne va pas. J’aimerais aussi être capable de bien aborder les gens, de bien interagir avec les personnes que je vais rencontrer. Je veux être attentive à mon environnement et ne pas me laisser dépasser par les événements. Voir les beaux moments et profiter au maximum du voyage.

Mes craintes:
J’ai peur de l’insécurité qui règne dans le pays et j’ai peur que le stress relié à cela rende le voyage moins plaisant. Comme je suis mulâtre, j’ai peur d’avoir des problèmes reliés à ça mais peut-être aussi que ça va être un avantage.

Comment je me sens maintenant:
C’est vraiment fou comment je me sens calme! Je pensais que j’allais être super stressée et énervée, que j’allais sauter partout comme une folle. Mais, en fait, j’ai seulement eu une passe de stress, genre 30 min. avant de partir de Sherbrooke et ensuite à l’aéroport. Mais, même si je suis calme, j’ai vraiment hâte d’arriver à Port-au-Prince et d’enfin voir, toucher et même sentir ce nouveau pays. J’ai hâte de retrouver toute l’équipe et de vraiment commencer l’aventure. J’ai la chance de passer une semaine à rencontrer des gens différents qui m’apprendront sûrement beaucoup de choses et j’ai l’intention de vraiment retenir quelque chose de mon voyage. Je me sens vraiment prête. Je suis confiante et je pense bien être à la hauteur. Quand je pense que je serais supposée être dans un cours plate de physique, je me trouve vraiment chanceuse et j’espère que le voyage va bien se dérouler.

 

Lundi, le 7 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
Après s’être levés tôt (et en sursaut), nous nous sommes vite rendus à l’aéroport pour prendre notre avion. Là, on a rencontré le groupe du Séminaire. Après 4h de vol, on est enfin arrivés à PAP (Port-au-Prince). L’aéroport était tout petit. Patrick, Martin et Carolyn nous ont accueillis et nous sommes partis pour la villa Manrèse. C’est vraiment beau ici et on a une vue superbe sur la baie de PAP.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
La villa où on demeure est sur une très haute montagne et en plus elle a 4 étages. Alors on a une vue époustouflante sur la ville. De plus, les gens sont très gentils et sympathiques alors on peut avoir des conversations passionnantes. J’ai beaucoup aimé aussi le trajet de l’aéroport à la villa. Passer à travers les rues animées de la ville donnait une bonne idée de la vie ici.

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
La pauvreté est vraiment frappante ici. Elle est partout comme Dieu! On ne peut pas s’en sauver. C’est dur d’accepter que certains ont la chance de vivre dans un pays où tes besoins primaires sont remplis et que d’autres doivent se battre quotidiennement pour survivre et vivre. Aussi, le problème de la pollution est majeur. Tous les ruisseaux sont pleins de déchets. Mais c’est frappant parce que même si dans les rues ont voit des déchets, c’est vraiment dans les ruisseaux et les fossés qu’on voit le plus de déchets. Et le pire est qu’on peut difficilement régler ce problème parce que Haïti est un pays où les besoins primaires sont difficilement (ou pas du tout) remplis alors encore moins les besoins secondaires comme ramasser les déchets!!!

Ce qui m’a marqué le plus:
J’ai été marquée par le conduite automobile. Chapeau à tous ceux qui réussissent à conduire là-dedans parce que moi j’aurais vraiment trop peur. Et il y a des grosses côtes partout. Il n’y a vraiment aucune signalisation, aucun stop, aucun feu de circulation. Le nombre d’accidents doit être incroyable. Je ne voudrais absolument pas avoir à marcher dans les rues de PAP.

Commentaires, réflexions:
Je suis vraiment contente de la façon dont ça se déroule jusqu’à présent. Tout le monde est vraiment gentil, tant l’équipe technique que notre accompagnatrice. Je suis vraiment contente de voir que Patrick nous donne des responsabilités. J’ai hâte de commencer vraiment les reportages. Je trouve que malgré toutes les misères, la pauvreté, les troubles, les gens ont l’air hyper sympathiques et pleins de joie de vivre. Je trouve que le ville est animée, vivante et pas du tout déprimante comme on pourrait penser. Il reste à espérer que les dirigeants d’Haïti et les politiciens des autres pays réaliseront plus vite qu’ils sont en train de tuer leur pays et que s’ils ne se dépêchent pas, ils sera vraiment trop tard.

 

Mardi, le 8 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On a quitté la magnifique villa Manrèse de PAP pour Cap Haïtien (trajet en avion). Arrivés là-bas, on a fait quelques courses et quelques prises pour ensuite prendre les chemins de terre jusqu’à Grison-Garde. Là, on s’est installés, on a visité le cimetière puis on a rencontré un groupe de femmes (Madame Sara, vendeuse). Après on s’est amusés avec les enfants et on est restés dans la maison du Père Acnys.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
Le vol entre PAP et Cap Haïtien était tellement hot. Tout voir de haut et regarder l’évolution du paysage! C’était tout à fait fascinant. Et époustouflant! On aurait dit que j’étais dans un Out of Africa!

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
La sollicitation dans Cap Haïtien. Aussi, on passait beaucoup moins inaperçus et c’était parfois un peu étouffant. On dirait que l’effervescence de PAP était moins agressante que les regards du Cap.

Ce qui m’a marqué le plus:
Les femmes qu’on a rencontrées avaient vraiment un fort caractère. Une d’elles a dit qu’en Haïti ta seule chance c’était la loto ou partir en République (où les difficultés sont tout aussi grandes et elles en sont conscientes). De plus, on nous a demandé ce que nous allions apporter à Haïti, aux Haïtiens et là, j’étais franchement dans l’embarras. Une chance qu’Isabelle a pu sortir quelque chose.

Commentaires, réflexions:
C’était vraiment la première journée qu’on plongeait dans l’action et au début j’avais un peu peur de la réaction des gens. Mais finalement, ça va. Je pense aussi que je me suis rendue compte que le métier de journaliste est plus dur que je ne le croyais mais aussi passionnant (même si tu travailles à Eros et cie comme Patrick). Je pense que c’est un métier qui est fantastique parce qu‘il te permet de voyager, de rencontrer des gens et d’apprendre sur des sujets passionnants. Mais est-ce que c’est vraiment ce que je voudrais faire?

 

Mercredi, le 9 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On s’est levés très tôt pour aller voir les gens aux puits. On a même essayé de porter de l’eau. Ensuite on a visité l’école secondaire et l’école technique (couture-ébénisterie). En après-midi on a pris une marche dans le village et on a rencontré une professeure de couture et son fils de 16 ans (élève de 6ème). Le soir on s’est amusés à danser avec les enfants. Le retour a été moins plaisant mais en fin de compte on a bien ri au village avec les enfants et on a aussi joué avec les enfants qui étaient en bas du presbytère.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
J’ai vraiment aimé la promenade dans le village à côté de la rivière. La vue était de toute beauté et c’était vraiment cool de voir les petites maisons et les rizières. Aussi, le soir, les enfants sont venus nous montrer leurs jeux et on a fait le petit bonhomme pas de cou!

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
En revenant des danses des enfants (le soir) on a pris un bain de foule. Soudain c’est devenu un peu inquiétant même si, sur le coup, je n’avais pas vraiment peur. Aussi, les gens nous demandent souvent de leur donner notre montre ou nos souliers. Ça rend vraiment mal à l’aise. Qu’est-ce qu’on peut répondre à ça? Enfin, les gens disent qu’on est chiches mais au fond, on finit par en rire.

Ce qui m’a marqué le plus:
Tous les gens qu’on rencontrait nous disaient à quel point l’éducation est une chose importante, une grande source de fierté. Malgré tout, j’ai été frappée par le mentalité de la population qui attend constamment l’État, les touristes pour régler ses problèmes. Peu de gens réalisent que quand l’État ne marche plus alors il faut prendre les choses en main soi-même. Et que c’est peut-être une des seules façons de s’en sortir. Il faut faire bouger les choses soi-même sinon rien ne va changer en Haïti.

Commentaires, réflexions:
J’ai passé une excellente journée, vraiment plaisante malgré tout. Je me suis rendue compte que porter de l’eau sur sa tête c’est vraiment difficile et ça fait mal.

 

Jeudi, le 10 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On a visité une école où il y avait 4 classes dans une pièce sans séparations. À côté, les élèves avaient une classe sans toit et sans murs. Après on a marché le long du canal d’irrigation et on a vu différents champs. À la rivière (au bout du canal) on a lavé du linge avec des femmes. En après-midi, on a visité une famille de 10 enfants. Deux seulement allaient à l’école. La famille faisait du casave et allait le vendre à PAP.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
J’ai bien aimé voir les différentes cultures le long du canal d’irrigation. C’est cool de voir comment le riz pousse et de se retrouver soudainement au milieu d’un champs de haricots. La vue était super belle et tout ce vert autour de moi, c’était assez hallucinant.

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
C’est clair que dans tout le voyage, ce que j’aurai le moins apprécié c’est la sollicitation constante. Alors, je vais passer sous silence cet aspect. Mais c’est vraiment la chose que j’apprécie le moins. C’est le seul aspect négatif du voyage. C’est la seule chose que me déplaît et me met mal à l’aise. Comme aujourd’hui, lorsqu’on est allés acheter de la canne à sucre, le vendeur ne voulait pas nous redonner la monnaie et on s’est un peu engueulés. Après, à chaque fois qu’on lui donnait une canne à éplucher ça avait l’air tellement pénible et chiant. Tout le monde se sentait mal à l’aise.

Ce qui m’a marqué le plus:
Partout où l’on va, des enfants nous suivent. On les a comptés aujourd’hui et lors d’un arrêt de tournage on avait plus de 40 spectateurs. Mais les enfants nous suivent vraiment partout et peuvent faire de longues distances sans savoir où on va. On se croirait dans Le joueur de flûte, comme des charmeurs d’enfants.

Commentaires, réflexions:
Nos journées sont vraiment remplies et j’aime ça comme ça! Je suis vraiment contente d’être en Haïti parce que je pense que je n’aurais pas apprécié autant mon séjour si j’étais allée dans un pays plus facile. J’ai appris et compris plein de choses cette semaine. Je pense que ça m’a aidée aussi quant à mon choix de carrière. Je sais un peu plus à quoi m’attendre si je deviens journaliste. Aussi, je regardais les enfants chanter et danser et je me disais que c'était vraiment beau de les voir aller. Malgré toute la misère autour d'eux, ils continuent à trouver l'énergie pour rire, chanter et s'amuser, comme les enfants le font si bien. C'est vraiment une bonne chose parce que s'ils s'enfonçaient dans leur misère ce serait vraiment pire.

 

Vendredi, le 11 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On s'est levés tôt pour aller à la messe du Père Acnys. Ensuite, on a interviewé ce dernier. On a visité le marché et en revenant au presbytère, on a rencontré un groupe de jeunes de La Pocatière. En après-midi on a écrit des v.o. et on est allés voir un groupe de musiciens danseurs locaux. Après, on a assisté à une cérémonie vaudou.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
La visite du marché était vraiment cool. C'était « trippant » de voir tous les fruits et légumes exotiques qu'on ne trouve pas au Québec. Il y avait aussi la section boucherie qui était assez impressionnante (voire dégueulasse).

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
La partie où on est allés voir des danseurs était plus ou moins intéressante. On ne pouvait pas danser et à la fin, avec tous les gens autour, on finissait par se sentir agoraphobe. Je comprends maintenant les vedettes qui doivent prendre des bains de foule forcés.

Ce qui m’a marqué le plus:
La cérémonie voudou m'a vraiment impressionnée. C'était tellement rustique et théâtral. C'est sûr que c'était une petite cérémonie faite pour les touristes que nous sommes mais quand même, c'était tout un spectacle de voir les hougan danser.

Commentaires, réflexions:
Je trouve ça vraiment cool comment les gens nous abordent, avec beaucoup de simplicité, de franchise et de gentillesse. Ils ont vraiment beaucoup de facilité à nous aborder. C'est vraiment pas le cas pour moi. Au cours de la semaine je me suis aperçu que c'était plus difficile que je l'aurais cru d'aborder les gens et faire des contacts avec eux. Ce serait un point à travailler.

 

Samedi, le 12 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On a enregistré v.o. tôt ce matin et on a rencontré l'infirmière du dispensaire de Grison-Garde. Ensuite on est partis pour Cap Haïtien où on s'est arrêtés au marché d'artisanat (et autres courses). Après on a filé à travers les montagnes pour finalement arriver à la plage où on a passé le reste de l'après-midi avant de revenir à Grison-Garde.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
J'ai vraiment aimé la plage! C'était super beau même si c'était franchement une place de touristes (les bateaux de croisière arrêtent là-bas). Ça faisait du bien de prendre notre dernière journée de tournage relax et de se reposer. (Mais j'ai trouvé le moyen de me couper le genou sur une pierre dans la mer).

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
Sincèrement, il n'y a absolument rien d'important qui m'ait déplu. Tout était à point, rien ne m'a déplu.

Ce qui m’a marqué le plus:
Aujourd'hui on a vécu toute une expérience de négociations. Au marché! À chaque fois qu'on arrêtait quelque part, les gens essayaient de nous vendre quelque chose (mais à des prix incroyables). Et c'était vraiment drôle de s'obstiner avec les vendeurs.

Commentaires, réflexions:
Déjà notre dernière journée à Grison-Garde. Demain on lève les voiles et on dit bye bye à Patrick, Martin et Carolyn, Snif! C'est fou parce que, en seulement 6 jours, on a réussi à établir une belle complicité. J'espère qu'on va toujours se rappeler toutes les conneries qu'on s'est dites et qu'on va avoir la chance de se revoir dans le futur.

 

Dimanche, le 13 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On s'est levés très tôt pour dire au revoir à Père Acny, Marie, Alberte, Lucien, Marlange, et cie. C'était vraiment triste de dire au revoir à Grison-Garde. Après on a pris un avion à Cap-Haïtien. Arrivés à PAP on a pris notre dîner dans un hôtel chic et on a bien profité de la piscine. Malheureusement, on a vite dû dire au revoir à Patrick, Carolyn et Martin. J'espère qu'ils s'amusent en République Dominicaine. Ensuite on a visité Boutilliers et Pétonville, acheté des souvenirs, visité le centre-ville du PAP et on s'est finalement installés à la villa Manrèse.

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
C'est vraiment superficiel mais on s'est bien amusés à l'hôtel ce midi, c'était cool comme dernier repas ensemble. Aussi, on s'est arrêtés à Boutilliers pour acheter des souvenirs et à côté il y avait un belvédère d'où on pouvait voir vraiment toute la ville. C'était mille fois plus beau qu'à la villa. On voyait l'aéroport très bien et c'était vraiment incroyable.

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
Je pense que c'était la pire partie du voyage (mais il reste encore des mauvais moments comme ça) : dire au revoir à Patrick, Carolyn et Martin qui partaient faire le dernier tournage en République Dominicaine. C'était triste de se dire au revoir après la semaine qu'on a passée, triste de dire au revoir à Grison-Garde et à ses gens. Snif! J'espère que j'aurai la chance de revoir tout le monde (c'est peu probable pour les gens de Grison-Garde mais il y a quand même de l'espoir pour l'équipe).

Ce qui m’a marqué le plus:
J'ai vraiment été marquée par la différence atroce entre les riches et les pauvres. C'était vraiment fou! En passant par Pétonville et Laboule on a vu des vraiment grosses baraques, des immenses châteaux de riches. C'est vraiment troublant quand après ça on passe dans les bidonville de l'aéroport et qu’on voit la vraie pauvreté comme on peut pas la voir chez-nous. C'est incroyable de voir à quel point les contrastes sont forts, éclatants et c’est vraiment troublant.

Commentaires, réflexions:
C'est déjà fini!!! C'est incroyable de penser à tout ce qu'on a vécu et appris, réalisé et compris. C'était vraiment bizarre à l'hôtel et à la villa après que les trois autres soient partis parce qu'on était un peu désœuvrés. On étaient assises sur notre lit à se regarder et à philosopher sur notre semaine. C'est comme si tout le rush d'adrénaline de la semaine était tombé d'un seul coup (paf!) et là on ne trouvait plus rien à faire c'est comme si on avait un gros down d'un seul coup. Et après on est restées vraiment longtemps à philosopher sur ce qu'on avait vécu et à se rappeler les souvenirs de la semaine. En plus on nous a assigné la même chambre le lundi précédent et au souper on s'est assises à la même table que lundi dernier. Il y avait beaucoup de matière à la nostalgie. Mais c'était cool de se rappeler ce qu'on a vécu. On a pu faire un bon retour sur les événements et ça m'a vraiment aidée à réfléchir sur la semaine. Je pense vraiment que le voyage va me faire changer mes habitudes de vie (pour le mieux) et ma perception du quotidien. Anyway, c'était triste de finir la semaine en quittant les trois autres mais j'espère qu'on aura l'occasion de tous se revoir.

 

Lundi, le 14 février 2000

Ma journée s’est déroulée:
On est restées à la villa Manrèse jusqu’à midi. Ensuite Victor est venu nous chercher pour nous amener à l’aéroport où on est restées un peu. Il est ensuite parti pour l’île de la Tortue. À l’aéroport on a rencontré un dame haïtienne super intéressante et on a retrouvé plein de gens qui étaient avec nous la semaine dernière. L’avion est arrivé avec une heure de retard et me voilà maintenant à 400 pieds dans les airs à admirer un magnifique coucher de soleil (une tournure romantique pour la St-Valentin).

Ce que j’ai aimé le plus aujourd’hui:
Je crois que voler est une grande passion pour moi parce que chaque fois que je survole quelque chose je « trippe » comme un enfant qui monte en avion pour la première fois. Alors, une fois de plus, j’ai adoré survoler Haïti (surtout que je connais le chemin maintenant, j’ai pu repérer la Citadelle et Cap Haïtien) et le coucher de soleil est vraiment admirable quand on peut le voir au-dessus des nuages.

Ce que j’ai aimé le moins aujourd’hui:
L’avion est arrivé avec une heure de retard alors on a seulement pu partir à 17h. On devrait arriver à Montréal vers 21h, c’est pas si pire. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais un peu hâte de monter dans l’avion. À force de ne rien faire, j’avais un peu hâte de rentrer (mais paradoxalement, je serais vraiment restée ici encore un peu, si j’avais pu).

Ce qui m’a marqué le plus:
C’est assez banal mais ce matin on voyait de la grosse fumée venant de la ville. On se doutait bien que c’était un incendie mais on a appris plus tard (et on a aussi vu l’endroit) que c’était un garage, situé en face des réservoirs d’essence de l’aéroport, qui avait pris feu. Aussi à la villa Manrèse il y avait des petits lézards et Isabelle et moi essayions de leur piler sur la queue (mais on ne l’a pas fait, on a trop un grand cœur) comme Martin essayait de faire. Ça m’a fait réaliser qu’on allait rester avec des insectes et des bons souvenirs pendant vraiment longtemps et que je vais toujours restée marquée par ma semaine ici..

Commentaires, réflexions:
Le voyage est vraiment terminé! J’ai quand même hâte de voir ma famille et mes amis et surtout hâte de leur raconter tout ce que j’ai vécu. J’espère qu’ils pourront comprendre. Les Haïtiens sont un peuple qui chante, danse, souffre et se résigne …(Jean Pricemars)

 

En résumé…

Ma semaine a été:
J’ai passé une semaine vraiment fantastique, extraordinaire, féerique! Même si autour de moi il y avait beaucoup de pauvreté et de misère, j’ai été tellement bien entourée que ça a été vraiment plus facile d’absorber le choc culturel. Le groupe a bien su transformer des situations difficiles, embarrassantes, en souvenirs dont on rit après coup. J’ai appris une tonne de choses et je pense qu’inconsciemment j’ai réglé des questions qui trottaient dans ma tête depuis longtemps.

Ce que je retiens de mon expérience journalistique:
Être journaliste, c’est bien plus complexe qu’on pourrait croire, Pour préparer nos deux topos de 3mn30 et notre flash de 45 sec. On a utilisé 10 cassettes (5h de tape). Mais même si j’ai exploré de nouveaux aspects du journalisme, je crois que je m’en suis tout de même bien sortie. Mais je me rappelle que la première journée j’étais un peu découragée parce que je devais souvent recommencer mes prises et j’avais l’impression d’être vraiment mauvaise. Ce soir-là, je me suis longuement demandé si j’étais faite pour être journaliste, si je pourrais réussir là-dedans. Mais, le lendemain, j’ai pris le tour et je pense qu’en fin de compte j’ai fait une bonne job pour une fille de 16 ans, sans expérience.

Les difficultés que j’ai rencontrées durant mon séjour:
Je pense que les plus grandes (et peut-être les seules) difficultés ont été surtout reliées à des questions matérielles (pas d’eau chaude, conditions sanitaires moyennes). Aussi j’ai trouvé cela difficile de se faire solliciter et harceler constamment. Ça me rendait tellement mal à l’aise quand les gens me disaient : « Donne-moi ta montre. De toute façon tu peux en acheter une autre au Canada. Qu’est-ce que tu réponds à ça? Disons que tu te sens vraiment « cheap » (chiche, comme diraient les enfants de Grison-Garde)

Mes commentaires en lien avec les objectifs que je m’étais fixé au départ:
Je trouve qu’on a bien réussi à créer un esprit d’équipe. Je me suis sentie à l’aise d’exprimer mes opinions et de discuter avec tout le monde de l’équipe. Mais par contre, je me suis aperçue que j’avais plus de difficultés que je ne l’aurais pensé à aborder les gens et à établir les premiers contacts. Je crois tout de même que j’étais moins gênée à la fin de la semaine.

Mes commentaires en lien avec les craintes que j’avais au départ:
Finalement, aucune de mes craintes n’était vraiment justifiée. Oui, il y a de l’insécurité en Haïti mais la situation n’était pas oppressante, étouffante. Et de toutes façons, le soir nous étions tellement fatigués que personne n’avait vraiment envie de sortir. Aussi je n’ai pas vraiment eu de problèmes à cause de la couleur de ma peau. Là-bas, les gens disaient que j’étais blanche alors qu’ici au Québec je suis noire. Va donc savoir ce que je suis.

Mes réflexions
Je suis arrivée ce matin chez-moi. Même si j’étais vraiment très contente de voir ma mère, j’étais quand même triste parce que là, l’aventure est vraiment terminée. Et c’est rendue à l’école que les différences m’ont vraiment sauté aux yeux. Les gens étaient tellement insouciants, me racontant comment ils avaient séché des cours, etc. Et quand j’essayais de leur raconter mon voyage, ils étaient intéressé mais m’écoutaient d’une oreille seulement. Je me sentais parfois presque coupable de parler de ça et à un certain moment j’avais (déjà) l’impression d’écœurer les gens avec mon voyage. Je crois qu’il y a beaucoup de gens qui ne pourront tout simplement pas comprendre que même si je suis partie une semaine seulement ça a été assez long pour que certaines des idées que je m’étais faites changent complètement. Je me suis tellement questionnée, j’ai tant réfléchi à des questions sur lesquelles je ne m’étais jamais arrêtée. Je pense qu’une semaine c’est assez pour changer quelqu’un.


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