Nicaragua
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Deux semaines au Nicaragua

Par Louis-Philippe Lizotte
Drummondville, Québec)


Avant de commencer à vous parler de nos deux semaines de stage, je crois qu’un survol de notre projet est nécessaire. D’abord, nous sommes douze élèves. Douze élèves motivés, douze élèves qui ont traversé diverses épreuves. Au départ, nous étions des inconnus, à la fin nous étions soudés pour le meilleur et pour le pire. Puis, il y a les accompagnateurs. Ces accompagnateurs ont eu la tâche difficile de nous encadrer, de maintenir notre motivation, de nous informer, en un mot de nous préparer.

Cette préparation est longue, mais nécessaire. On ne va pas passer 2 semaines en pays étranger sans franchir cette étape cruciale. Avant tout, la langue pose un problème. On parle espagnol au Nicaragua et non français. Des cours sont nécessaires afin de pouvoir établir la communication. Après vient le financement. Un voyage doit se payer. Amasser les fonds n’a pas été toujours facile, mais nous avons réussi. Finalement, des camps de formation, des conférences sur la culture, des ateliers de sensibilisation nous ont été servis. En plus de répondre à nos nombreuses questions, tout cela nous a permis de nous connaître et d’échanger. Le tout a duré un peu moins de deux longues années. Et cela en valait largement la peine…


Un paysage du Nicaragua

Enfin, le jour du départ est arrivé. Nous saluons une dernière fois notre famille et nous partons, le sourire aux lèvres et totalement inconscients de l’ampleur du stage. Dès les premiers instants du voyage, nous pouvons palper la misère. Juste à voir ces enfants, les vêtements sales et déchirés, nous regarder manger notre premier repas. Premier choc. Puis, ils quêtent nos restes, ces restes même qu’on donne habituellement à nos chiens. Deuxième choc. Et ainsi de suite pendant tout le voyage…

Nous en sommes sortis changés, pour le meilleur. Derrière les paysages enchanteurs se camoufle une réalité que peu de gens osent confronter. Pourtant, en cette même réalité se cache une richesse insoupçonnée. C’est la richesse humaine. Comment ne pas remarquer le sourire des enfants malgré leur pauvreté? Comment passer à côté de toutes ces marques de solidarité? Comment ne pas sentir la fierté, la force, le courage des Nicaraguayens qui affrontent chaque jour la faim? Impossible. Ils mènent un combat, une lutte sans merci pour leur survie. Et pour survivre, ils s’entraident. C’est à la fois merveilleux et désolant. Merveilleux de voir qu’on peut compter sur le voisin. Désolant de savoir que des humains luttent chaque jour pour manger.

Ici, un peu d’histoire s’impose avant de passer à la situation actuelle du Nicaragua. Le Nicaragua était un pays riche, très riche, avant que les Espagnols ne débarquent. Ceux-ci massacrèrent et pillèrent, dévastant le pays. Beaucoup plus tard, c’est une famille de dictateurs sans merci, la famille Somoza, qui pendant près de 30 ans vola le peuple. Ce fut une période trouble pendant laquelle de nombreux combats se déroulèrent entre les Sandinistes, combattants du peuple et Contras, la garde de Somoza. Ajoutons à cela quelques magouilles politiques, un tremblement de terre dévastateur, un certain ouragan Mitch et on obtient un pays délabré.


Un policier surveille la
population sur la rue
Aujourd’hui, le gouvernement construit des hôtels pour accueillir les touristes. Le président se bâtit une maison avec l’aide internationale de l’ouragan. Pendant ce temps, le peuple meurt de faim. Les quelques riches bourgeois vivent dans des maisons entourées de hauts murs, un garde armé à la porte. Pendant ce temps, presque dans la cour arrière, un taudis de bois s’élève et abrite une famille. L’éducation est difficilement accessible. De simples maladies emportent des enfants chaque jour. Les enfants abîment leur corps au travail pour rapporter quelques pièces de monnaie. La plupart des femmes sont battues par leurs maris ivres. Il est extrêmement difficile de se trouver un emploi. Les jeunes sont confrontés quotidiennement à la drogue, à la prostitution, aux viols, à la violence, à la faim… en un mot à la mort.

Ce sont malheureusement des faits. Il est grand temps d’agir, d’ouvrir les yeux, de combattre la pauvreté. De simples actions peuvent être posées. Nous organisons présentement des levées de fonds pour aider. Ce n’est sans doute pas grand chose, mais c’est déjà un pas de plus. Un pas qui va devenir un pas de géant pour les Nicaraguayens. Une chose est certaine, ce n’est pas en restant les bras croisé, assis confortablement dans notre salon, que les choses vont bouger.


Le Centro Communitario
(Centre Communautaire)
Oscar A. Romero
Cela m’amène à mentionner le travail exceptionnel de tous les organismes humanitaires. Et plus particulièrement celui " Del Centro Communitario Oscar A. Romero ". C’est ce centre qui nous a accueilli au Nicaragua. Il aide plusieurs familles démunies du Nicaragua. Il leur fournit un emploi (tissage de hamac, boulangerie, ferme…) et les rémunèrent à leur juste valeur. Il s’occupe également des jeunes par le programme du salaire étudiant, le groupe écologique, la bande " Caliente del amor ", par la garderie… Il a un impact important pour le développement des barrios de Nandaime. Le Père Santiago, un missionnaire québécois, a fondé il y a déjà quelques années ce centre et j’espère sincèrement qu’il va continuer de fonctionner longtemps. Il est également en collaboration avec l’organisme québécois Spiral qui s’occupe du commerce équitable et d’organiser des stages.

Pour conclure, un petit mot sur les enfants. Ils m’ont particulièrement impressionné. Ils sont tout simplement incroyables. Ils portent des responsabilités incroyables sur leurs épaules. À voir leur sourire, à les entendre rire, on ne dirait pas. Pourtant, ils sont sans doute les victimes les plus innocentes et souffrent cruellement des problèmes des grands. Ils ont un lourd passé, un difficile présent et un avenir inexistant. Ce n’est pas normal de voir une fillette porter un lourd panier sur sa tête et vendre sa marchandise. Ce n’est pas normal de les voir errer en haillons, quêtant aux touristes. Ce n’est pas normal que ces enfants travaillent au lieu de jouer. Ces enfants, nous les avons dépouillés de leur enfance. Comment pouvons-nous leur redonner cette enfance perdue, cette enfance volée? Un mot bien simple pour y répondre. Solidarité.


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