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Deux filles à la recherche de la liberté...

Julie Mosetti-Geoffrey
Collège Beaubois
Pierrefonds (Québec)


Tout a commencé au début de l'année scolaire. J'ai proposé à mon amie Ariann de participer à la rédaction du journal étudiant avec moi. Ariann veut devenir écrivaine. Elle a accepté ma proposition avec la joie de pouvoir exercer ses talents d'écriture. C'était ma deuxième année au journal. La précédente m'avait un peu déçue parce qu'on rencontrait souvent des problèmes techniques, ce qui retardait la sortie de nos numéros.

Bref, pour commencer l'année, l'article que j'ai écrit a été jeté au poubelle par la direction. Quand j'ai essayé de savoir pourquoi, j'ai eu une réponse des plus froides : « Ça ma p'tite fille, ça ne concerne que la direction. » J'étais dans tous mes états! Ça concerne juste la direction? C'est MON article qui a été censuré! Bref, mes frustrations ont commencé à ce point là...

 
Mon amie Ariann et moi

Ensuite, au début de l'année, on avait discuté avec le chef du journal. Nous avions tous décidé que pour la renommé de notre journal, qui n'est pas très populaire auprès des étudiants, on publierait un numéro par mois pour bien le faire connaître. Contrairement aux années passées, on le donnerait à la place de le vendre. Rien de cela ne s'est fait. Le premier mois, et les deux mois suivants, notre chef a décidé que le journal n'avait pas assez de contenu pour le publier. Ce qui a provoqué un autre incident! Dans le premier numéro, Ariann avait rédigé un superbe article sur le nouveau livre de notre professeur de français! C'était tout un scoop! Trois mois plus tard, quand ils ont enfin voulu publier notre journal, le livre était sorti depuis longtemps! Résultat : Tout le monde avait lu le livre, et en plus, un article du journal de la ville était accroché partout sur les murs de l'école. De là ont commencé les frustrations profondes chez mon amie aussi...

Ensuite, la séance de photos pour l'album de l'année a eu lieu. Tous les comités sont donc invités à se faire photographier; y compris celui du journal étudiant. Quelle hypocrisie! On n'avait même pas sorti un journal encore! Ariann et moi ne sommes pas allées à la séance (première phase de la rébellion). Avec tous ces conflits, le premier journal a été publié au mois de décembre!

Et devinez quoi? Il a été mis en vente! Et devinez quoi encore... personne ne l'a acheté! Finalement, la direction du Collège se vante de la liberté d'expression parce qu'elle a un journal étudiant? Foutaise! Ce n'est pas un journal étudiant, C'EST UN JOURNAL POUR LA DIRECTION. Les élèves doivent faire de beaux petits articles pour vanter leur Collège, mais dès qu'il y a présence d'originalité, de marginalité ou tout ce que vous voudrez... c'est NON.

Ariann et moi sommes très portées vers l'écriture. C'est notre façon de nous exprimer! Nous avons donc décidé de ne pas nous laisser abattre. Nous avons quand même rédigé un article pour le journal de décembre. Elle faisait une entrevue avec le nouveau directeur et je faisais un résumé d'un concert de musique présenté à l'école. Personne ne se doutait de ce qui allait arriver...

Ce qui devait arriver, arriva! Le mercredi 22 décembre, Ariann et moi lançions une bombe dans l'école. Pas n'importe quelle bombe. Une bombe qui fait réfléchir… Elle rappelait aux étudiants leur liberté de penser. Ça parlait de révolution et d'anarchie. Un feuillet de deux pages, brochés à droite, intitulé: « La Bombe ».

Voici un extrait de La Bombe :

« Ici sont citées des idées du roman La Révolution des Fourmis de Bernard Werber. Ce livre est une arme destinée à changer le monde. Non, ne souriez pas. C'est possible. Vous le pouvez. Il suffit que quelqu'un veuille vraiment quelque chose pour que cela se produise. Ce que nous vous proposons, c'est de faire une révolution. Ou plutôt, devrions-nous dire une "évolution". Car notre révolution est sans violence, sans orgueil, sans effets spectaculaires, contrairement aux révolutions d'antan. Nous la voyons plutôt comme une révolution spirituelle. Enfin, si vous optez pour la révolution, n'oubliez pas que vous avez la chance de pouvoir réfléchir et vous exprimer, alors profitez-en! »

Les réactions ont été diverses. J'ai été tellement impressionnée par les personnes qui sont venues me voir et en ont parlé avec moi. Certains étudiants m'ont même proposé de s'associer avec eux pour partir un journal révolutionnaire dans l'école! Mes amis, eux, étaient fiers de moi. Je ne pouvais m'attendre à de plus belles réactions! Évidemment, il y a ceux qui ne veulent rien savoir de choses nouvelles. Certains ont même eu, comme premier réflèxe, de refuser le document parce qu'il était trop long (deux pages) ou parce que la broche, placée du mauvais côté, ne leur plaisait pas. C'est quand même dommage, de rencontrer des esprits si fermés! De toutes façons, notre mission était accomplie. Ça faisait environ deux mois qu'on la préparait pour qu'elle soit parfaite. Si seulement une personne avait réagi j'aurais été satisfaite… j'étais donc superbement heureuse!

Le matin même je me rendais au bureau de l'orienteur du Collège. En lui parlant de mon très fort désir de devenir journaliste, il me raconta l'histoire de Mathias Brunet. Vous savez le journaliste sportif qui écrit dans La Presse? Et bien, imaginez-vous donc qu'il y a environ 15 ans, en secondaire 5, il lançait son propre journal pour faire opposition à celui des Frères; Il est devenu l'actuel journal étudiant. Je n'ai pas pu m'empêcher de raconter mon secret à l'orientateur sur ce que j'allais faire le midi même…



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