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La genèse des musiques d'origines américaines

Huguette Tshibenge
Institut Marie-Thérèse
Liège, Belgique


Pendant les colonisations de l’Amérique, les chants et danses indiens et noirs sont interdits par les clergés qui évangélisent les indigènes et les esclaves. Les Jésuites et Franciscains ouvrent des écoles où ils leur enseignent des hymnes chrétiens. Certains cultes précolombiens et africains résistent cependant à l’empire étranger. Un processus de créolisation s’ébauche dès les débuts de la conquête, suscitant l’émergence de genres américains et non amérindiens, africains ou européens. Polkas, opéras, cantiques chrétiens, marches militaires ou chants de marins fusionnent avec les musiques et danses noires. Beaucoup des chants et instruments d’origine africaine donnent naissance à la « copoira bahiana », au samba au Brésil et au « candombe » en Argentine. Dans les zones à fortes concentrations de Noirs ou dans celles, comme en Argentine, où les Noirs, aujourd’hui disparus, laissèrent néanmoins leur empreinte, musique et danse sont indissociables. Le tango, la samba, la mambo, le calypso ou le reggae sont à la fois des danses et des genres musicaux destinés au seul plaisir auditif.

La musique et la danse : formes d’expression privilégiée dans toutes les sociétés noires. Elles constituèrent à la fois un exutoire à leurs souffrances et une façon d’affirmer leur identité.

Le tango

À la fin du 19 siècle, immigrants, paysans et soldats s’entassent dans les quartiers sordides de Buenos Aires. Dans cet univers, le héros de la Pampa, cède la place au « compadre », dissimulant sous ses airs de bravache, la misère et la terreur de l’abandon. C’est dans l’ivresse du tango, serrant contre lui sa femme, que l’homme prend sa revanche sur l’amertume de son destin.

Le tango, quintessence de l’âme protégée. Le tango, proprement dit, naît vers 1870 de la « payada », genre de chansons de gauchos accompagnées à la guitare. Il absorbe des éléments d’anciens rituels des esclaves argentins et de la « milonga », des chants de carnaval de noirs parodiés par les Blancs, « Pensée triste qui se danse », selon la célèbre formule du poète Enrique Santos Discépolo, le tango se complaît dans la solitude, le désespoir, la mort, la fuite du temps, l’inconstance de la femme, avec un esthétisme mélodramatique. Il est la voix des faubourgs et des miséreux dépossèdés par des riches, l’indifférence dans le monde, l’amour malheureux, fataliste et désabusé dont parlent certains chanteurs.

Le reggae

Au début des années soixante-dix, le monde découvre le reggae et le chanteur Jimmy Cliff grâce au film « The Harder they Come », mais c'est Bob Marley qui devient la figure de proue de cette musique. Les chanteurs,s’exprimant en patois jamaïcain, continuent de revendiquer leurs attaches populaires. Il dénoncent avec véhémence la pauvreté, l’injustice et la violence des bidonvilles et propagent l’idéologie « rasta ».

Introduit en Jamaïque au début du siècle par l’idéologue Marcus Garvey, le rastafarisme prône le retour en Ethiopie (terre biblique et berceau mythique des civilisations africaines), l’abandon des valeurs décadentes de l’Occident, et, de façon plus spectaculaire, le port des cheveux longs et la consommation de la marijuana.

En 1985, Under Me Sleng Teng de Wayne Smith introduit l’ère du reggae digital, composé avec des synthétiseurs ou utilisant la technique du sampling (récupération de fragments d’autres musiques). Le raggamuffin ou ragga (du mot raggamuffin, « être déguenillé ») est un rap sur des rythmes de reggae, aux paroles volontiers salaces.

Le zouk

Vers 1978, le pianiste martiniquais Marius Cultier emploie le mot zouk dans l’un des ses disques.

Quelques années plus tard, KASSAV’, fondé par trois musiciens de studio, Jacob Desvarieux, Georges Décimus et de Pierre-Edouard Décimus, impose le zouk en tant que genre musical. Le vocable lui-même dérive de mazouk, et par déviation, désigne un bal populaire. Aux Antilles, zouker en est aujourd’hui venu à signifier « danser ».

La soul

La soul commença vers les années soixante, lorsque les artistes de Rhythm and Blues se mirent à utiliser un style vocal et un mode de composition empruntés à la musique religieuse noire, le gospel.

La soul musique ne tire pas seulement ses racines de l’Eglise et du gospel mais, elle succède directement au blues en tant que forme d’expression musicale du peuple noire américain. Au fil du temps, elle a perdu sa vocation première qui était de préserver et de perpétuer le patrimoine artistique du peuple noir américain.



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