Plans de cours


Plan de cours #8 - Article sur la violence dans les écoles

NB: Nous vous recommandons d'imprimer cet article afin de le distribuer à vos élèves.


Alma mater: Deux mots sur le massacre
Par PETER APPLEBOME, 2 mai 1999
Source: New York Times Learning Network (
http://www.nytimes.com/learning)

Traduit de l'anglais par Sébastien Nantel

Si une grande partie des circonstances entourant l'attaque meurtrière commise par deux étudiants de Littleton, Colorado nous semble étrange et hors du commun, il reste néanmoins une partie qui nous est aussi familière que nos souvenirs d'adolescents. Il s'agit du monde des sportifs et des bollés, des gagnants et des perdants qui existait qui existait à l'école Columbine avant le massacre d'un enseignant et de 14 étudiants, incluant le suicide des deux assassins. C'est une réalité qui est gravée dans la mémoire de nombreux adultes. C'est le monde de l'école secondaire

Ce dernier incident ainsi que d'autres attaques à main armée survenues récemment dans nos écoles ont été exminées sous tous leurs angles: de l'accès aux armes à feu jusqu'aux valeurs parentales. Il est clair qu'aucun facteur isolé ne pourra expliquer ces actes. Mais le simple fait que ces horreurs continuent de se produire dans les écoles du pays fait surgir de nombreuses inquiétudes face à l'environnement académique et social que nos écoles offrent aux jeunes.

La plupart des étudiants, bien sûr, vivent des merveilleuses expériences au secondaire. Et lorsqu'on se penche sur la question, il ne faut pas oublier que la vie dans une école secondaire reflète souvent la vie à l'extérieur de celle-ci. Le plus récent rapport sur les écoles secondaires Américaines, produit par l'Association nationale des directeurs d'écoles secondaires en 1996 et intitulé "Briser les rangs", dit que les écoles continuent de faire ce qu'elles ont toujours fait et que leurs pratiques reflètent souvent les erreurs du passé.

Avec des tragédies scolaires présentées dans des films tels "Carrie" ou "Heathers" et des hiérarchie darwinienne illustrées dans "Jawbreaker", "Varisty Blues" et "Cruel Intentions", la société projette une image si banalement destructive que des signaux d'alerte devraient nous venir à l'esprit. Bien sûr, les sportifs orgueilleux et les reines de bal ont occupé la place dominante au secondaire bien avant que des adolescents frustrés ne transforment les corridors en scènes de crimes.

Dans un texte tiré du magazine électronique Salon, la critique sociale Camille Paglia décrit la formation de bandes au secondaire comme un procédé sans merci qui est resté le même au cours des 60 dernières années. Elle déplore également le fait que les écoles secondaires sont devenues des entrepôts d'élèves dans lesquels les jeunes sont stockés en rangs serrés dans des salles de classe cubiques. Et même si certains éléments du secondaire resteront éternellement les mêmes, de plus en plus de gens questionnent un modèle éducatif qui n'a pas beaucoup changé depuis son instauration à la fin de la Première guerre mondiale, lorsque l'école secondaire plutôt que le travail devint la norme pour les adolescents. L'argument le plus utilisé par les critiques est que malgré les programmes expérimentaux plus petits, les écoles secondaires sont toujours trop grandes, trop impersonelles et ne sont pas sur la même longueur d'ondes que leurs élèves. Cela était peut-être tolérable à l'époque des familles à deux parents, de l'église et des clubs sociaux. Mais pas aujourd'hui.

Peter Scales, psychologue et membre du groupe de recherches Search Institute, déclare qu'une étude de groupe menée sur 100 000 étudiants de la 6e à la 12e année conclût que seulement un jeune sur quatre déclare fréquenter une école où les adultes et les autres jeunes se soucient de lui.

La rapport "Briser les rangs", par exemple, demande de plus petites écoles ou du moins un morcellement de grandes écoles en "équipes" ou "foyers" d'au plus 600 élèves dans le but de créer un environnement plus intime et un meilleur ratio adulte/élève. D'autres proposent une technique d'enseignement par équipes qui permettrait aux enseignants de suivre le cheminement d'élèves individuels. D'autres encore veulent des moyens de faire suivre les élèves par les mêmes enseignants d'année en année. Littleton était une école de 1 950 étudiants. Les niveaux scolaires n'étaient pas séparés en groupes plus petits, puisque l'école fonctionnait selon la méthode traditionnelle.

Les recommandations du rapport "Briser les rangs" sotn souvent appliquées aux écoles médianes. "Le directeur et d'autres membres du personnel vous diront que Columbine est une école merveilleuse", dit Frank Smith, professeur d'aministration éducationnelle au Teachers College de l'Université Columbia. "Mais cela signifie que c'est un merveilleux modèle traditionnel et un complexe physique très dispendieux. De plusieurs façons, c'est une merveilleuse version d'une école désuète."

Jon Katz, auteur d'ouvrages sur les nouvelles technologies et dont le site Web a récemment reçu plus de 4 000 visites de gens inquiets que l'incident de Littleton aura pour effet de marginaliser davantage les marginaux, déclare que la technologie est ce qui a le plus changé la dynamique sociale des écoles secondaires.

Il y a quelques années, les parias était complètement sans défense. Mais aujourd'hui, les jeunes utilisent Internet et les jeux violents tels Tribe, Doom et Quake pour découvrir en-dehors de l'école un univers qui est excitant, accueillant et stimulant. Un univers où ils ont des amis, font partie d'une communauté et jouissent d'un certain pouvoir. Mais, une fois à l'école, ils sont une fois de plus à la merci des rois et reines étudiants et d'un monde où les enseignants les adressent sans passion pendant qu'ils sont assis en rangs serrés, tout commes les élève du temps de nos parents. "En-dehors de l'école, ces jeunes sont puissants et stimulés", dit Katz, "L'école devient donc un cauchemar ennuyant, claustrophobe et oppressif où d'autres jeunes les agressent parce qu'ils sont différents. Ces jeunes ne sont pas d'un naturel violent. Après due considération, il est absurde de le penser. Mais ce qui leur arrive les rend isolés et furieux."

La solution, selon lui, est que les écoles reconnaissent et respectent les cultures électroniques. Par exemple, en formant un club de jeux qui jouirait du même support que les sports. Une plus grandes utilisation des nouvelles technologies et des méthodes d'enseignement moins traditionnelles et plus interactives seraient aussi à envisager. D'autres gens, tels que Leon Botstein, président du Bard College, croient que la solution n'est pas d'améliorer les écoles secondaires, mais de tout simplement s'en débarasser. Dans son traité "Les enfants de Jefferson: l'éducation et la promesse de la culture américaine" (Doubleday, 1997), M. Botstein soutient que les enfants d'aujourd'hui se développent physiquement et mentalement si vite que les écoles secondaires les emprisonnent dans un environment irréel et sans âge composé de rituels stupides et d'une éducation médiocre.

"Les écoles secondaires sont désuètes, caduques et mauvaises pour l'éducation des adolescents", rapporte-t-il. "Nous les emprisonnons dans un monde de valeurs machistes et anti-intellectuelles, un peu comme si l'on fourrait une grande personne dans un costume d'enfant." M. Botstein propose une autre solution: les élèves atteignent la graduation à l'âge de 15 ou 16 ans et peuvent ensuite se diriger vers des collèges, des institutions telles les écoles de sciences ou les conservatoires, ou directement sur le marché du travail.

Bien sûr, les problèmes ne sont pas tous reliés qu'à l'école secondaire. Le docteur James Comer, psychiatre à l'Université Yale, a depuis des années déclaré que les écoles ne répondent qu'aux besoins intellectuels des jeunes, pas à leurs besoins psychologiques et sociaux. La vague actuelle de réformes, aveuglement basée sur des test standardisés, ne fera qu'empirer les choses, dit-il. Il ajoute qu'il est difficile d'isoler les écoles secondaires comme étant hiérarchiques, compétitives et centrées sur le statut social puisque le monde extérieur fonctionne également de cette façon.

"En-dehors de l'école, notre culture aime les gagnants et les perdants", dit le codteur Comer. "Regardez seulement les athlètes professionels. Nous aimons même que les gagnants se vantent aux perdants." Dans ce sens, l'école secondaire peut être terrifiante car elle représente le premier contact avec le vrai monde extérieur. Botstein est cependant d'accord pour dire que, dans le monde, nous pouvons au moins choisir l'endroit où nous mangeont ou celui où nous travaillont. Au secondaire, dit-il, les jeunes sont prisonniers d'un monde où "les pires valeurs de notre société sont artificiellement exagérées".

Bien sûr, la réaction de la plupart des élèves au carnage de Littleton n'est pas de blâmer l'école mais de pleurer la destruction d'un endroit qu'ils aiment. Il est cependant clair qu'au fond, le stress et la douleur sont pires que jamais.

Sur le forum de discussion électronique mis en place par la commission scolaire locale à la suite de la fusillade, un ancien élève de Columbine exposa le harcèlement dont elle fut victime à l'école et mentionna que sa mère avait passé beaucoup de temps à Columbine "à chercher quelqu'un qui s'inquiétait de mon sort."

Elle conclut son message comme suit: "Je serai très dégoûtée si les administrateurs croient que la solution au problème est d'engager plus de gardiens de sécurité. Cela n'aura pour effet que de limiter les moyens par lesquels les jeunes peuvent se faire du mal entre eux."


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