Plans de cours


Plan de cours #13 - Article accompagnateur

NB: Nous vous recommandons d'imprimer cet article afin de le distribuer à vos élèves.


Le vent froid de Chicago: la vie après Jordan
Article de P. Belluck, La Presse Canadienne (http://www.recorder.ca/cp), 13 janvier 1999


Traduction de Sébastien Nantel


Les métaphores sur le sujet sont nombreuses: les Grandes Epaules, la Ville des Vents. Elles ont fait leur temps. Reconnaissons-le: Chicago est la ville de Michael Jordan.

Vous n'avez qu'à demander aux plus vieux résidents. Lorsque Eppie Lederer, alias Ann Landers, voyageait outre-mer et déclarait venir de Chicago, la réaction provoquée la faisait frémir. "Ils répondaient 'Ah oui, Al Capone!' et faisait le geste de tirer un pistolet", dit Mme. Lederer. "J'avais honte, j'étais embarrassée. Qui souhaite venir d'une ville rendue célèbre par le pire gangster de tous les temps, à une époque ou les gens se faisaient descendre comme des chiens?" «Air Jordan» a changé cela.

Aujourd'hui, lorsque Mme Lederer se présente, les gens utilisent leur doigt non comme pistolet, mais pour mimer l'action de compter un panier. "Maintenant ils répondent 'Ah oui, Michael Jordan!'", dit-elle. Et maintenant que Jordan a quitté son trône de divinité suprême du basketball, l'anecdote du changement Capone-Jordan est si célèbre à Chicago qu'elle est quasiment devenue un mythe. Cela n'est cependant pas l'important, bien entendu.

L'important, c'est que Michael Jordan a fait de Chicago bien plus que simplement la ville d'origine du meilleur basketteur de tous les temps. Il a guéri son complexe de Deuxième ville, lui a donné une raison d'être fière et même, selon certain, permis à la ville de se débarrasser de son sombre passé et de repartir en neuf.

Lorsque le numéro 23 des Bulls annonça sa retraite ce mercredi dernier, Chicago, submergée et refroidie par quelques deux pieds de neige, sembla se préparer à une éloge funéraire. "Tout est fini" annonçait en première page le Chicago Sun-Times. "MJ s'en va" pleurait The Chicago Tribune.

"En tant personalité, en tant que modèle à suivre pour les jeunes et pour la moralité, jamais nous ne pourrons remplacer Michael Jordan", dit Bev Mandolini, 48 ans, une mère de famille cassant la croûte chez Michael Jordan's, le restaurant de la vedette au centre-ville de Chicago.

A une table voisine, Brian Orlow, un comptable de 25 ans, n'en croyait pas ses oreilles. "Je ne peux pas croire que c'est vrai", dit-il. "Même s'il prenait réellement sa retraite, lorsque les éliminatoires arriveront et que les Bulls perdront contre les Knicks, son esprit compétitif reviendra et il ne voudra plus rester assis à fumer des cigares."

Pour comprendre la dévouement de Chicago envers Jordan, on doit se pencher sur le goût de cette ville pour la compétition, pour chaque opportunité de faire ses preuves, particulièrement dans le sport. Les défaites de cette ville sont légendaires: les Bears (qui ont sans cesse décliné après avoir remporté le Super Bowl en 1986), les White Sox (qui n'ont pas remporté les Séries mondiales depuis 1917) et les Cubs (qui, n'ont pas gagné de Séries mondiales en 90 ans, même avec Sammy Sosa à bord). La seule parcelle d'espoir vient de l'équipe de soccer, le Chicago Fire, qui remporta l'an dernier le championnat national. Mais hélas, les citoyens ne sont pas très électrifiés par le soccer.

Mais il y a plus que le goût de la victoire. Il y a le charisme et le caractère de Jordan. "Il est devenu l'objet d'un véritable culte dans cette ville", dit l'auteur Saul Bellow, lui-même originaire de Chicago. "Il est vraiment un grand personnage", continue-t-il. "C'est un bel athlète. C'est un homme exceptionnel. Il se conduit en parfait gentleman, l'un des rares dans le sport professionnel. Il ne fait pas de coups fourrés. Il n'est pas sournois."

Bien sûr, Chicago a aussi joui financièrement du phénomène Jordan. Et pas seulement pas ses entreprises, une boutique de golf et deux restaurants. Son image est devenue une véritable attraction pour les touristes et les amateurs de basketball. Bellow a confiance en la fidélité des gens de Chicago. "Ils diront 'Ah c'était le bon vieux temps et il n'y a jamais eu ni n'aura jamais quelqu'un comme Michael Jordan'", prévoit-il. "'Lhistoire continue de suivre son cours. Tournons notre attention vers le présent."


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