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Les problèmes des adolescents: faut-il en rire ou en pleurer?
par Céline Philippe, École secondaire publique De La Salle, Ottawa ON
Le lundi vingt novembre dernier a eu lieu à l'Hôtel de ville de Vanier la cérémonie d'ouverture du Salon de la Jeunesse 2000, organisé par la ville.
Présentes à cet événement qui s'adressait aux jeunes de 12 à 14 ans étaient des classes de différentes écoles primaires de la région. Par l'entremise de petits «sketches» à saveur plutôt humoristique présentés par le «Théâtre des Lueurs» et par une troupe d'improvisation anglophone appelée «BOFA», on a tenté de parler des problèmes que vivent les adolescents à chaque jour. Des problèmes et des événements passant de l'acné à la boisson, aux relations sexuelles, à la violence et à l'abus.
On a présenté ces sujets plutôt sérieux de façon telle que le jeune public présent dans la salle a considéré cette petite présentation comme étant une grande farce ou encore un spectacle insignifiant qui leur a permis toutefois de manquer des cours. Comment peut-on croire que, de cette façon, les jeunes vont réaliser l'ampleur de leurs décisions lorsque plus tard ils se verront confrontés à des situations importantes comme celles que l'on a tenté d'aborder avec eux lors de cet événement?
Un message redondant?
C'est reconnu: les jeunes de nos jours laissent de côté leurs petites
poupées et leurs petites voitures plus tôt que l'ont fait leurs ancêtres.
Certains d'entre eux sont des victimes des médias qui les poussent à avoir
recours à la violence, aux drogues ou à l'alcool. D'un autre côté, nous
avons les adultes qui côtoient les enfants à chaque jour, qui tentent de
les convaincre que le chemin de l'abus de substances et de la violence n'est
pas celui qu'ils devraient suivre. Plusieurs organismes ne font que
travailler d'arrache-pied afin de trouver un moyen de convaincre les
jeunes que leur place est à l'école et non à traîner dans les rues, à se
droguer ou se prostituer. Donc, les jeunes sont bombardés de sermons, jour
après jour, les mettant en garde contre les cigarettes, qui sont néfastes
pour la santé. Comment pouvons-nous blâmer ces jeunes de ne plus être réceptifs à
ce genre de présentations lorsqu'ils en entendent continuellement? Pouvons-nous vraiment les blâmer de rire de ces présentations qui ridiculisent des
problèmes sérieux et de ne pas prendre en considération les solutions
suggérées pour remédier à ces problèmes?... Cela reste à voir.
Mais en attendant, nous nous trouvons à faire face à un dilemme: comment
pouvons-nous conscientiser les jeunes de nos jours, de façon efficace, à
tous les dangers qui les guettent? Comment pouvons-nous leur faire
comprendre que dans la vie, tous le monde a des problèmes, mais qu'il ne
faut pas toutefois s'apitoyer sur son sort et choisir d'y remédier par des
moyens qui s'avèrent néfastes, comme les drogues ou le suicide?
Une solution?
Comme pour n'importe quel autre problème, il n'y a pas une recette
miracle, sauf peut être plus de communication de la part des parents avec
leurs enfants. Une solution qui me paraît beaucoup plus efficace serait de
parler aux jeunes des drogues, par exemple, non pas comme quelque chose qui
leur est interdit, qu'ils n'aimeraient pas et tout le tralala. Mais
plutôt de demander à quelqu'un qui a ou qui a eu des problèmes de drogues
de venir s'adresser aux jeunes pour leur parler de ses expériences le plus
honnêtement possible. J'ai déjà assisté à une présentation de la sorte où
la personne a livré un témoignage affirmant que c'était une expérience des
plus emballantes que d'être «high» mais que, même si c'était très amusant
de prendre de la drogue, il se cachait tout de même plusieurs conséquences
derrière ce «trip». Des conséquences qui étaient souvent un prix beaucoup
trop cher à payer seulement pour un plaisir. De cette façon, les jeunes
savent que c'est une expérience qui est amusante d'après certains, mais
qu'elle ne vaut peut-être pas la peine d'être vécue lorsque l'on songe à
toutes les conséquences qui y sont rattachées. C'est alors que les jeunes
sont un peu moins tentés de s'aventurer dans ce chemin inconnu, incertain et
qui leur est interdit, puisque cette expérience leur aura été décrite, tout
comme les conséquences qui y sont rattachées.
Bien sûr, il y a plusieurs jeunes qui seront très tentés par cette
expérience et qui choisiront de prendre de la drogue tout de même. Mais
au moins, personne ne pourra dire que ces jeunes n'auront jamais été bien
éduqués sur ce sujet et sur les conséquences de la drogue.
Bien que ce moyen peut paraître inadéquat, trop vulgaire ou trop
réaliste aux yeux de certains, c'est peut-être l'un des seuls moyens pour
contrer une influence trop forte qu'exercent les médias sur certains
adolescents, qui les pousse à choisir des chemins qui ne sont pas
nécessairement les bons. Contrairement à ce que les adultes croient
parfois, les adolescents peuvent être très matures et attentifs lorsqu'ils
le veulent. Il est de mon opinion que la majorité des jeunes seraient plus
portés à écouter des présentations plus réalistes qu'autre chose. Mais peu
importe la solution «miracle», une chose est sûre: c'est que les petits
«sketches» présentés lors du Salon de la jeunesse ne sont pas la bonne
solution.
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