Croûte que croûte...
par Claude R., Gatineau, Quebec

En d'autres temps, il est certain qu'un film catastrophe comme The Core (Au coeur de la Terre en version française), dont le but avoué est de simplement fournir au spectateur l'occasion de s'évader pendant deux heures en avalant son maïs soufflé au beurre grand format et son tonneau de cola, aurait pu constituer une source de plaisir coupable.

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À l'heure où les bombes pleuvent sur Bagdad et où la télé nous abreuve d'images toutes plus inquiétantes les unes que les autres, il n'est pas dit que le bon peuple ait maintenant envie de se divertir en allant voir un film dont l'intrigue s'articule autour des menaces d'apocalypse qui planent sur la planète.

Remarquez que le réalisateur Jon Amiel (Queen of Hearts, Entrapment) et ses ouailles n'y sont pour rien. À une époque encore pas si lointaine, il était possible de proposer un film catastrophe qui, d'une certaine façon, pouvait amuser. Parce qu'il relevait de l'ordre de la pure fantaisie.

Aujourd'hui, la vue d'une navette spatiale en feu perdant sa direction en réintégrant l'atmosphère, celle de la destruction du pont Golden Gate à San Francisco, ou encore celle de l'effondrement du Colisée à Rome, provoquent forcément le malaise. Parce que ces sombres perspectives - on le sait maintenant - ne relèvent désormais plus de l'ordre de l'impossible.

Du coup, les (gros) efforts que mettent les artisans pour entraîner le spectateur dans leur aventure ne donnent pas les résultats escomptés. Comme si, à la lumière des récents événements, le spectateur n'avait tout simplement plus envie de se prêter au jeu.

Le constat est d'autant plus regrettable que The Core n'est quand même pas trop mal foutu.

Le réalisateur prend en effet bien soin d'installer d'abord la situation d'une façon crédible pour ensuite mener celle-ci dans un contexte extrême. On note d'abord des phénomènes étranges, qu'il s'agisse de personnes munies de stimulateurs cardiaques qui tombent raides mortes au même moment, ou de milliers de pigeons qui, subitement, tombent sur la tête des gens après avoir perdu la capacité de voler (on verra bien entendu dans cette scène un hommage à Hitchcock).

Aussi demande-t-on au géophysicien Josh Keyes (Aaron Eckhart), après que ce dernier eut révélé que ces phénomènes étaient dus à un déséquilibre du champ électromagnétique, de participer à une expédition formée d'une équipe d'éminents scientifiques et militaires.

À l'aide d'un vaisseau ayant la forme d'un ver de terre, l'équipe s'enfonce alors dans la croûte terrestre afin de se rendre tout au centre (serait-ce la vraie Terre du Milieu?) de la planète. On croit qu'en y faisant exploser des ogives nucléaires, le réacteur nucléaire se remettra en marche pour ainsi refaire le nouvel équilibre du champ électromagnétique.

Bien entendu, on perd certains joueurs en cours de route. À celui de la réussite de la mission s'ajoute ainsi l'enjeu de l'élimination. Pour un peu, on se croirait en pleine télé-réalité.

Heureusement, personne ne se prend ici trop au sérieux, notamment les acteurs. Stanley Tucci, à cet égard, offre une prestation irrésistible. Si Hilary Swank n'a pas vraiment l'occasion de se faire valoir dans son rôle de pilote, Aaron Eckhart, en revanche, assume bien son (nouveau) rôle de vedette de premier plan. Cela dit, personne n'a de grands numéros d'acteurs à livrer ici.


  



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