Le 26 avril dernier, M. Mike Harris, premier ministre de l'Ontario, a
annoncé la nouvelle idée qu'a eu son gouvernement conservateur pour
«améliorer» l'éducation des jeunes de sa province. Cette idée: faire en
sorte qu'aucun élève ne puisse réussir son année et changer de niveau après
chaque année scolaire, à moins qu'il réussisse un test très exigeant de
connaissances en maths, sciences et français (ou anglais, selon la langue
parlée par l'élève). Ridicule!
Bien sûr, M. Harris ne pouvait point se contenter de chambarder tout le
système d'éducation de la province. Le simple fait d'avoir éliminé une
année scolaire en entier, d'avoir augmenté de façon incroyable la charge de
travail des enseignants et des étudiants, d'avoir fait des coupures
incroyables dans ce domaine et d'avoir provoqué des grèves ne lui suffisait
pas. Il se devait de rajouter au moins un autre item à sa liste
"d'exploits". Le nouveau-né: un test très exigeant que chaque élève devrait
obligatoirement écrire et réussir pour pouvoir passer son année et changer
de niveau scolaire. On aura tout vu!
Grâce à ce cher petit test, un élève ayant très bien réussi durant toute
l'année pourrait écrire ce test et apprendre quelques temps plus tard que
malgré ses succès et son travail acharné durant toute l'année, il devra
recommencer puisqu'il aura échoué son test. Comment annoncer à un
enfant de troisième année, par exemple, qu'il devra se faire de nouveaux amis
l'année suivante, puisque ses amis auront réussi le test et pourront aller
en quatrième année, contrairement à lui, qui aura échoué le test.
D'imposer cette horrible réalité à ne serait-ce qu'un enfant est égoïste de
la part du gouvernement Harris. Oui, les enfants méritent une bonne
éducation. Mais ils méritent aussi d'êtres encouragés et appuyés par tous
ceux qui les entourent, incluant les gens qui les dirigent et M. Harris fait
tout le contraire de ceci.
Si en effet les années de notre enfance sont les meilleures de notre vie,
aucun enfant ne devrait avoir à vivre l'expérience du stress, concernant
l'école, du moins. Pourtant, une fois ce test mis en place, le stress sera
très présent chez la majorité des enfants qui s'apprêteront à écrire ce test
ridicule qui s'avèrera une étape cruciale à leur succès. Mais surtout, les
larmes seront nombreuses dans les yeux des petits qui échoueront ce test.
Ces jeunes qui pleureront, ils seront sûrement nombreux et, une chose est
certaine, c'est que ce n'est pas M.Harris qui aura la tâche délicate de
sécher toutes ces larmes et d'appaiser tous ces pleurs. Puisque, pendant
que les parents et les enseignants s'y affaireront, M. Harris sera
confortablement assis dans son bureau à penser à son prochain plan.