Mars  2002
ACTUALITES

Prisonnières... libérées
par Julie d.C., Collège Jean-Eudes, Montréal QC

Pour la première fois depuis cinq ans, les femmes afghanes peuvent sentir la chaleur du soleil sur leur visage. En effet, lors de leur arrivée au pouvoir en 1996, les Talibans avaient imposé, à la pointe de leurs fusils, des mesures draconiennes visant à limiter les droits des femmes.

Et tout ça au nom de la religion.

Ou à tout le moins au nom de l’interprétation littérale du Coran que font les Talibans. À leurs yeux, les femmes n’étaient que des provocatrices à la débauche et à la décadence. La plupart des malades hospitalisés en neurologie et en psychiatrie étaient des femmes ayant occupé des fonctions comme avocate, médecin, professeur ou même fonctionnaire. D’ailleurs, avant l’occupation de la capitale, Kaboul, par les Talibans, 70% des fonctionnaires étaient des femmes et plus de 100000 jeunes filles étaient scolarisées. Peu de temps après, des petites de neuf ou dix ans, ne voulant pas se retrouver dans la même situation que leurs aînées, n’hésitaient pas à quitter le domicile familial. Ces dernières tombaient souvent entre les pattes des premiers brigands venus et n’avaient d’autre choix que de se prostituer pour survivre.

Pour celles qui étaient trop effrayées pour s’enfuir, ou qui espéraient la venue d’un sauveur pouvant les libérer de l’esclavage, la vie de tous les jours devenait une véritable prison. Tous leurs biens étaient la possession des hommes de leur famille, qui avaient droit de vie et de mort sur elles. Les Talibans imposaient des règlements que les chefs de famille (des hommes bien sûr) se devaient de faire respecter sous peine de sérieuses représailles. Par exemple, les femmes avaient l’interdiction formelle de sortir de chez elles si elles n’étaient pas accompagnées par un mahram (parent masculin), de fréquenter une école (les écoles pour filles ayant toutes été transformées en séminaires), de parler ou de serrer la main à un homme autre que le mahram, de porter des souliers à talons ou de parler de manière audible (les femmes devant être le moins possible entendues des hommes). Les Afghanes avaient aussi l’obligation de porter un long voile appelé burqua les recouvrant de la tête aux pieds, qui devait être dans les tons de noir et de gris (les Talibans ayant déclaré que les couleurs vives incitent au sexe), et de peindre les fenêtres de leur maison pour éviter d’être vues. Celles qui ne se soumettaient pas à ces règlements étaient fouettées, battues et insultées en public.

Le Coran, le Livre saint de l’Islam, dit pourtant que les femmes doivent être l’égal des hommes. Jacques Bourrassa, professeur de religion au Collège Jean-Eudes de Montréal, explique que les hommes n’ont pas le droit, en dehors de leur épouse, de commettre l’acte charnel avec une femme de leur famille, de prendre possession des biens matériels et monétaires de leur compagne et de la confiner dans la résidence familiale, sauf si cette dernière a commis l’adultère. «Le Coran véhicule un message semblable à celui de la Bible, c’est-à-dire d’aimer et de respecter ses semblables, peu importe leur sexe, leur religion ou leur nationalité.», dit-il.

Certains chefs religieux musulmans ne se sont d’ailleurs pas gênés pour condamner la conduite que des Talibans face aux femmes. L’un d’eux a déclaré dans une entrevue à une station de radio pakistanaise: «Toute la réputation du peuple d’Allah a été anéantie uniquement à cause de quelques illuminés.» Malgré l’aide apportée par plusieurs organisations féministes, la plupart des femmes afghanes demeuraient prisonnières dans leur propre pays. Certaines d’entre elles continuaient tout de même à se battre pour le respect de leurs droits. D’anciennes professeures, entre autres, organisaient des écoles clandestines pour jeunes filles dans le but de les éduquer à prendre leur place dans la société. "Il faut casser un grand mensonge, avait déclaré la jeune Afghane Roselyne Bachelot au réseau américain ABC. Ce n'est pas une guerre ethnique contre laquelle nous ne pourrions rien. C'est une guerre de résistance contre un ennemi extérieur, des milices financées de l'extérieur. Nous ne pouvons pas ne pas nous mobiliser".


Plus

Sondage mensuel
Tableau d'idées
Trucs du métier