Mars 2002
ACTUALITES

Les armes du 21e siècle
par Katarzyna W., Collège Jean-Eudes, Montréal QC

Alors qu’ils se remettent progressivement de l’attentat terroriste du 11 septembre dernier, les États-Unis doivent faire face à une nouvelle menace : une possible attaque à l’arme bactériologique. Ce danger, qui semblait encore peu réel il y a quelques semaines, a été récemment confirmé par le procureur général des États-Unis, John Ashcroft . Selon lui, il n’y a « aucune raison de croire que tous ceux qui sont impliqués [dans l’attentat] ont péri ».

Peu de temps après la tragédie, 400 tonnes d’antibiotiques et de diverses fournitures médicales ont été entreposées à travers le pays dans des conteneurs aériens pouvant être livrés en moins de deux heures. Malgré tout, plusieurs jugent que les Américains restent très vulnérables aux attaques, même s’ils sont mieux préparés qu’il y a deux ans.

Depuis quelques semaines, le mot «anthrax» est présent sur toutes les lèvres. Cette bactérie bacille, qui cause la maladie du charbon, existe en deux formes, soit pulmonaire et cutanée. Cette dernière cause la nécrose des tissus, ce qui entraîne l’apparition de nombreuses plaques noires sur la peau. Or, la forme pulmonaire, beaucoup plus sérieuse, cause, cinq jours après l’inhalation, des troubles respiratoires importants. Elle s’attaque surtout aux ganglions lymphatiques médiastinaux, situés dans l’espace compris entre les deux poumons, et provoque généralement une hémorragie. Pour une plus grande chance de survie, un traitement aux antibiotiques devrait être entamé avant que les symptômes n’apparaissent.

Les terroristes auraient choisi l’anthrax comme arme de destruction massive, car sa survie ne nécessite pas de conditions propices. Lorsque les conditions ne sont pas favorables, celle-ci forme des spores qui peuvent prendre de un à deux ans pour éclore et devenir de nouveau nocives. Certaines ont même survécu 80 ans dans un désert. Pourtant, l’anthrax n’est pas très épidémique. C’est pour cette raison que les terroristes auraient prévu une attaque à long terme.

Selon M. Sylvain Pelletier, professeur de biologie au Collège Jean-Eudes de Montréal, «il n’existe pas encore de vaccin efficace contre l’anthrax.» Le seul vaccin existant, fabriqué par la société américaine Bioport, provoque des effets secondaires et n’immunise que très peu de temps. De ce fait, la vaccination doit souvent être répétée. Cependant, parce que Bioport a arrêté la production de son vaccin en 1998, il doit attendre une autorisation de la Federal drug administration pour reprendre sa production. Toutefois, tous les vaccins disponibles aujourd’hui sont réservés à l’armée.

D’autres bactéries ou virus peuvent être utilisés par les terroristes, soit la tuberculose, la grippe, la peste et même la petite vérole. On reconnaît cette dernière comme étant le virus le plus dangereux et meurtrier sur terre. Le virus, qui s’attaque surtout au système nerveux, a été éradiqué en 1979. Officiellement, seuls quelques laboratoires russes et américains possèdent des échantillons du virus, mais rien n’indique que d’autres nations n’en possèdent dans le but d’en faire des armes bactériologiques. Ces échantillons devaient être détruits en 1998. Pourtant, ils ont décidé de les sauvegarder, car l’ADN de la variole ressemble énormément à celui de l’humain, ce qui en fait un bon sujet d’étude pour les scientifiques.

Selon certains spécialistes , introduire un virus ou une bactérie aux États-Unis serait un vrai jeu d’enfant. Plusieurs moyens peuvent être utilisés dont l’aérosol, les systèmes de ventilation, la nourriture, la poudre ou encore l'entrée d’une personne contagieuse dans un endroit public. Rien n’indique cependant que des gaz ne pourraient être utilisés. Selon M. Pelletier, ceux-ci seraient moins dangereux que les bactéries, car ils causeraient des dommages dans des endroits localisés seulement.

Bref, les guerres biologiques deviennent de plus en plus un problème international. « La grande inquiétude en matière de bio-terrorisme n’est pas de savoir ce que les terroristes peuvent faire aujourd’hui, mais ce qu’ils peuvent faire à l’avenir,» a déclaré M. Edward Szeliga, ancien employé à l’agence nucléaire et chimique de l’armée de terre américaine, au magazine Newsweek.


Plus

Sondage mensuel
Tableau d'idées
Trucs du métier